Modifié

La particularité valaisanne d'un seul conseiller d'Etat par district tient bon

Comme le veut la Constitution valaisanne, les cinq conseillers d'Etat de l'actuelle législature (Frederic Favre, Christophe Darbellay, Roberto Schmid, Esther Waeber-Kalbermatten et Jacques Melly) sont tous issus d'un district différent. [Keystone - Olivier Maire]
Election cantonales valaisannes: un candidat par district, une règle du passé? / Forum / 3 min. / le 18 janvier 2021
Comme le veut la Constitution valaisanne, deux conseillers d'Etat issus d'un même district ne pourront pas être élus lors des élections cantonales de mars prochain. Le gouvernement n'est pas parvenu à faire voler cette règle en éclats pendant la législature en cours.

Souvent décriée car elle privilégierait la provenance à la compétence, la suppression de cette règle a été rejetée en 2019 par la majorité conservatrice du Parlement. Elle permet d'assurer la présence au gouvernement de ministres issus des régions de montagne ou de petits districts, autrement dit d'avoir une meilleure représentativité, arguent ses défenseurs. Une disposition similaire existait sur le plan fédéral jusqu'à la révision de la Constitution il y a 20 ans: il n'était pas possible d'avoir deux conseillers fédéraux venant du même canton.

>> Lire à ce sujet : Le Valais veut biffer la règle d'un seul élu au gouvernement par district

Mais cette règle empêche aussi l'émergence de certaines candidatures. Ainsi, tant que Christophe Darbellay est au gouvernement, il est impossible pour une autre personnalité du district de Martigny de siéger à ses côtés. C'est par exemple le cas pour la présidente de la ville Anne Laure Couchepin Vouilloz, dont le nom a parfois été évoqué ces dernières années.

Facile à contourner

De plus, cette clause des districts est en partie redondante. La Constitution valaisanne prévoit déjà une certaine représentativité. Sur les cinq ministres élus, l'un doit être issu du Haut Valais, un autre du Valais central et un troisième du Bas-Valais. Lors des élections d'il y a quatre ans, Christophe Darbellay n'avait théoriquement besoin que de sa propre voix au second tour pour être élu, car il était le seul candidat domicilié dans le Bas.

Il reste toutefois assez facile de contourner cette disposition, car il suffit aux candidats de déménager dans un autre des 13 districts valaisans pour pouvoir revenir dans le jeu. Le candidat PDC Serge Gaudin a franchi le pas il y a peu: il s'est installé à Evolène, dans le district d'Hérens, alors qu'il était auparavant domicilié dans celui de Sion... le même qu'un certain Mathias Reynard, conseiller national PS, ce qui aurait rendu impossible leur élection commune.

L'Assemblée constituante veut la supprimer

Il n'est cependant pas dit que cette particularité cantonale perdure encore indéfiniment. L'Assemblée constituante valaisanne qui s'est mise au travail il y a deux ans pour revoir complètement la Constitution a ainsi décidé l'an dernier de la supprimer. Ses travaux n'en sont qu'à mi-chemin. Il reste encore de nombreuses étapes à franchir pour qu'elle entre en vigueur, et les élections cantonales de mars prochain ne seront peut-être pas les dernières régies par cette disposition.

>> Regarder le 19h30 revenir, en novembre dernier, sur le déménagement de Serge Gaudin :

Pour s'assurer une chance d'élection au Conseil d'état, le PDC Serge Gaudin déménage de Grimisuat à Evolène.
Pour s'assurer une chance d'élection au Conseil d'état, le PDC Serge Gaudin déménage de Grimisuat à Evolène. / 19h30 / 2 min. / le 24 novembre 2020

Sujet radio: Marie Giovanola
Adapation web: Vincent Cherpillod

Publié Modifié

La première conseillère d'Etat de Suisse aurait dû être Valaisanne

Il y a plus de 40 ans, l'interdiction d'élire deux conseillers d'Etat domiciliés dans le même district a coûté un poste de ministre à Gabrielle Nanchen. En 1977, la socialiste avait obtenu plus de voix que le conseiller d'Etat radical sortant Arthur Bender.

C'est pourtant lui qui est resté au gouvernement, car Gabrielle Nanchen avait terminé derrière un autre ministre sortant PDC issu du même district qu'elle. L'élection de la première femme de Suisse dans un exécutif et de la première socialiste a donc été invalidée!

L'ex-conseillère nationale Gabrielle Nanchen de retour sur les bancs de la Chambre basse en 2019 à l'occasion de la journée "Professions: les femmes peuvent tout faire". [Keystone - Anthony Anex]
L'ex-conseillère nationale Gabrielle Nanchen de retour sur les bancs de la Chambre basse en 2019 à l'occasion de la journée "Professions: les femmes peuvent tout faire". [Keystone - Anthony Anex]