Souvent décriée car elle privilégierait la provenance à la compétence, la suppression de cette règle a été rejetée en 2019 par la majorité conservatrice du Parlement. Elle permet d'assurer la présence au gouvernement de ministres issus des régions de montagne ou de petits districts, autrement dit d'avoir une meilleure représentativité, arguent ses défenseurs. Une disposition similaire existait sur le plan fédéral jusqu'à la révision de la Constitution il y a 20 ans: il n'était pas possible d'avoir deux conseillers fédéraux venant du même canton.
>> Lire à ce sujet : Le Valais veut biffer la règle d'un seul élu au gouvernement par district
Mais cette règle empêche aussi l'émergence de certaines candidatures. Ainsi, tant que Christophe Darbellay est au gouvernement, il est impossible pour une autre personnalité du district de Martigny de siéger à ses côtés. C'est par exemple le cas pour la présidente de la ville Anne Laure Couchepin Vouilloz, dont le nom a parfois été évoqué ces dernières années.
Facile à contourner
De plus, cette clause des districts est en partie redondante. La Constitution valaisanne prévoit déjà une certaine représentativité. Sur les cinq ministres élus, l'un doit être issu du Haut Valais, un autre du Valais central et un troisième du Bas-Valais. Lors des élections d'il y a quatre ans, Christophe Darbellay n'avait théoriquement besoin que de sa propre voix au second tour pour être élu, car il était le seul candidat domicilié dans le Bas.
Il reste toutefois assez facile de contourner cette disposition, car il suffit aux candidats de déménager dans un autre des 13 districts valaisans pour pouvoir revenir dans le jeu. Le candidat PDC Serge Gaudin a franchi le pas il y a peu: il s'est installé à Evolène, dans le district d'Hérens, alors qu'il était auparavant domicilié dans celui de Sion... le même qu'un certain Mathias Reynard, conseiller national PS, ce qui aurait rendu impossible leur élection commune.
L'Assemblée constituante veut la supprimer
Il n'est cependant pas dit que cette particularité cantonale perdure encore indéfiniment. L'Assemblée constituante valaisanne qui s'est mise au travail il y a deux ans pour revoir complètement la Constitution a ainsi décidé l'an dernier de la supprimer. Ses travaux n'en sont qu'à mi-chemin. Il reste encore de nombreuses étapes à franchir pour qu'elle entre en vigueur, et les élections cantonales de mars prochain ne seront peut-être pas les dernières régies par cette disposition.
Sujet radio: Marie Giovanola
Adapation web: Vincent Cherpillod
La première conseillère d'Etat de Suisse aurait dû être Valaisanne
Il y a plus de 40 ans, l'interdiction d'élire deux conseillers d'Etat domiciliés dans le même district a coûté un poste de ministre à Gabrielle Nanchen. En 1977, la socialiste avait obtenu plus de voix que le conseiller d'Etat radical sortant Arthur Bender.
C'est pourtant lui qui est resté au gouvernement, car Gabrielle Nanchen avait terminé derrière un autre ministre sortant PDC issu du même district qu'elle. L'élection de la première femme de Suisse dans un exécutif et de la première socialiste a donc été invalidée!