Des six candidats en lice pour le deuxième tour, seul le sortant Christophe Darbellay (PDC) est assuré de son élection en tant qu'unique représentant du Bas-Valais. Son colistier Roberto Schmidt ainsi que le socialiste Mathias Reynard devraient continuer sur leur lancée.
Le Haut-Valaisan a caracolé en tête du premier tour et récolté des voix dans l'ensemble du canton. Quant au socialiste, "le Valais francophone a montré qu'il le voulait au gouvernement. Il a fait le plein dans le Valais romand et ratisse au-delà de son parti", note Fabrice Zwahlen, journaliste indépendant et observateur de la vie politique valaisanne.
Vote régionaliste et compact
La situation s'annonce plus délicate pour les trois autres candidats. Si Frédéric Favre (PLR) devrait bénéficier de la prime au sortant et pouvoir capitaliser sur l'importance d'un gouvernement stable, il pourrait aussi faire les frais d'un vote régionaliste du Haut-Valais ou d'un vote compact du PDC soucieux de resserrer au maximum les rangs lors de ce deuxième tour décisif.
Quant à Franz Ruppen (UDC), il cale dans le Valais romand où il est arrivé dernier lors du premier tour, derrière les deux Vertes qui se sont depuis retirées.
"C'est la capacité de l'UDC à fédérer autour de son candidat dans la partie francophone du canton qui fera la différence et verra le Haut-Valais conserver ou perdre son deuxième siège au gouvernement", estime Fabrice Zwahlen.
Selon le journaliste, la clé de l'élection est dans le Valais romand s'il sait se mobiliser. "C'est là qu'habitent les trois quarts des électeurs et que se trouvent les réserves de voix."
Candidats à la fibre écolo
Peu connu et sans expérience politique, le troisième candidat du PDC Serge Gaudin a pu compter sur la popularité de ses deux colistiers pour finir au premier tour avec un résultat très honorable.
Mais comme le Bas-Valais tient déjà son élu en la personne de Christophe Darbellay, une certaine démobilisation des membres du parti dans cette région le 28 mars n'est pas exclue.
Serge Gaudin ne devrait guère pouvoir compter sur l'apport de voix d'autres formations focalisées sur leur propre candidat, mais il pourrait s'attirer la sympathie de certains Verts.
Le parti, qui s'est retiré à l'issue du premier tour, ne donne pas de mot d'ordre mais appelle à voter les candidats à la fibre la plus écolo. Sous cet angle, Serge Gaudin paraît mieux placé que Franz Ruppen.
Possible "tournant historique" pour le PDC
Le Parti socialiste du Valais romand ne donne aucun mot d'ordre non plus, mais il "s'est toujours prononcé en faveur d’un gouvernement équilibré où les minorités sont représentées", rappelle sa présidente Barbara Lanthemann.
Son parti ainsi que le PLR et l'UDC du Valais romand montrent un front uni pour que l'UDC retrouve sa place au gouvernement et que le Haut-Valais y conserve ses deux sièges.
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Le PDC s'étonne et dénonce une telle union dont "la seule motivation est de s'emparer d'un siège" et mise sur la stabilité en cette période de pandémie.
Si son candidat Serge Gaudin échoue, le parti perdra un siège mais surtout sa majorité absolue, "un séisme dans l'histoire d'un canton dominé par le PDC", souligne Fabrice Zwahlen.
Pour un Chablais qui compte
Avec 24% de la population et deux sièges, le Haut-Valais est surreprésenté au gouvernement. "Cela ne me choque pas", réagit Fabrice Zwahlen, relevant que les minorités linguistiques sont souvent surreprésentées.
Il s'étonne toutefois que le Bas-Valais et ses plus de 125'000 habitants n'ait pas présenté davantage de candidats. Selon lui, ces problèmes de représentativité pourraient trouver leur issue avec un Conseil d'Etat à sept membres et une nouvelle répartition régionale. La Constituante planche sur le sujet.
"Si le Haut-Valais obtient une garantie de sièges dans la nouvelle Constitution, nous en demanderons une également pour le Chablais et ses 60'000 habitants", résume le président de Monthey Stéphane Coppey.
ats/iar