"J'estime la perte à une quarantaine de tonnes de fruits, c'est quand même énorme! C'est assez dur de voir disparaître une année complète de travail en l'espace de deux heures", témoigne Jean-Noël Devènes, arboriculteur à Nendaz (VS), mardi dans le 19h30.
Comme beaucoup de producteurs, Jean-Noël Devènes a passé des nuits blanches ces dernières semaines pour sauver ses abricotiers. A l'aide de bougies chauffantes ou en aspergeant les plantes d'eau, ils ont tout mis en oeuvre pour protéger leurs cultures du gel, alors que la floraison avait déjà débuté.
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Dégâts également dans le Jura
Malgré tous ces efforts, le Valais a été le canton le plus touché, mais des dégâts sont constatés dans toute la Suisse. Dans le Jura, par exemple, les damassiniers n'y ont pas échappé. Sur certains rameaux, 50%, dont le pistil et l'ovaire, sont noirs. C'est la preuve qu'ils ont souffert du gel.
"Sur les pruniers, damassiniers et poiriers, les pertes seront assez importantes. Mais sur les pommiers, nous avons encore de bons espoirs, parce qu'ils ne sont pas encore en fleurs. Nous devrions passer entre les gouttes", explique Victor Egger, arboriculteur et responsable de la station d'arboriculture à la Fondation rurale interjurassienne.
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Invité mardi dans le 19h30, Xavier Moret, l'un des principaux producteurs d'abricots en Suisse, explique que le gel a été particulier cette année: "Nous avons eu un froid polaire qui s'est abattu sur la vallée du Rhône. C'est ce qui a provoqué ces dégâts de gel."
Celui qui est également vice-président de Fruit-Union Suisse estime qu'il sera "compliqué" d'approvisionner cette année l'entier du marché suisse avec des abricots helvétiques, "la culture la plus durement touchée". "On aura vraisemblablement recours à l'importation, mais la vallée du Rhône, côté français, a été aussi durement touchée que nous."
"Les revenus sont à zéro"
Son confrère Jean-Noël Devènes estime qu'il aura besoin de cinq à six ans pour éponger ses pertes: "Les revenus sont à zéro. Mais il faut continuer à entretenir les cultures. Pour une petite exploitation comme la mienne, il faudra investir entre 55'000 et 60'000 francs pour préparer les cultures en prévision de l'année prochaine."
En Suisse, l'impact financier total de ces nuits glaciales n'est pas encore chiffrable, mais il devrait être conséquent. Et alors qu'un nouvel épisode de froid est annoncé, les prochaines nuits seront décisives.
Sujet TV: Ainhoa Ibarrola et Serge Mérillat
Adaptation web: Valentin Jordil