La Confédération avait approuvé en mars dernier les plans pour la réalisation du tronçon de l'autoroute qui traversera le Bois de Finges, l'une des plus grandes pinède d'Europe centrale, répertorié à l'inventaire fédéral des paysages d'importance nationale.
Ce tronçon constitue l'un des chaînons encore manquants de l'autoroute A9 en direction de Brigue. Il passe notamment à côté de la Pierre du Meurtrier ou Mörderstei, un ensemble de rochers calcaires provenant d’un éboulement du Gorwetsch daté d'environ 6500 ans avant Jésus-Christ, situé à la frontière linguistique entre le Valais romand et le Valais alémanique.
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Fouille "de sauvetage"
La fouille effectuée aux alentours de la Pierre du Meurtrier est dite de sauvetage ou préventive, c'est-à-dire qu'elle a lieu uniquement dans la zone qui va être détruite par la nouvelle construction. Pour l'heure, c'est le côté nord de la Pierre, environ 1000 m2, qui est investigué durant quatre mois. La zone sud sera également fouillée avant le développement de l’autoroute, si le projet passe la rampe.
"Nous menons des fouilles anticipées pour que les travaux puissent débuter dès que l'aspect juridique sera réglé", a précisé lundi l'archéologue cantonale valaisanne Caroline Brunetti (lire encadré). "Il est primordial de commencer de ce côté, puisque le secteur nord devrait accueillir la piste de chantier permettant aux machines l’accès aux zones de travaux et le gazoduc, une fois déplacé", complète-t-elle.
La suite des travaux archéologiques entre Sierre-Est et Susten (La Souste) est liée à l’avancement des procédures liées à l'autoroute. La majeure partie des fouilles est prévue dans le secteur de Pfyngut, où la mise en dépôt des matériaux issus des ouvrages A9 nécessite de fouiller 56'000 m2 de zone agricole. Le second secteur investigué se situe à l’Est de Susten et s’étend sur environ 15'000 m2.
Squelette à dégager
Le site de la Pierre du Meurtrier a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles entre 2004 et 2009 dans le cadre du projet de construction de l'autoroute A9 approuvée en 1999. A l'époque, 450 m2 avaient été investigués sur le côté nord, directement attenant au rocher.
Les recherches des années 2000 ont permis de retracer l'histoire géologique et humaine du Bois de Finges depuis l’éboulement de Sierre. "L'importance de ce gisement pour l'histoire régionale tient au fait qu'il est exceptionnel d'avoir une séquence archéologique aussi longue et quasi continue en Valais", relève Caroline Brunetti. Durant ces fouilles, les archéologues avaient notamment mis au jour un demi-squelette. "Si le projet actuel voit le jour, le tracé de l'autoroute induira le déplacement de la route cantonale, et nous pourrons alors nous occuper de la seconde moitié de ce squelette qui se situe dessous", ajoute l'archéologue cantonale.
Le chantier de fouilles sera ouvert au public tous les mercredis de 15h00 à 18h00 à partir du mois de juin, dans le respect des règles sanitaires édictées par l'OFSP.
ats/Vincent Cherpillod
Plusieurs recours contre la prolongation de l'A9
D'une longueur de 8,5 kilomètres, la nouvelle portion d'autoroute à travers le bois de Finges doit relier la sortie d'autoroute de Sierre-Est, fin actuelle de l'A9, au nouveau tronçon construit en 2016 entre Susten et Gampel-Steg. Il sera à 75% souterrain.
Depuis l'approbation des plans par le département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC), "plusieurs recours ont été déposés auprès du Tribunal administratif fédéral", a précisé le chef du Service de la construction des routes nationales Martin Hutter. Il estime qu'il faudra un certain temps pour tous les traiter.
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Passerelle piétonne indésirable?
Parmi les opposants figure notamment la Fondation Suisse pour la protection et l'aménagement du paysage (SL-FP), qui refuse que la construction d'une passerelle sur le Rhône au sein du Bois de Finges fasse office de "mesure compensatoire" dans le cadre de la construction de l'A9. Pour la fondation, ce pont est "inadéquat" puisqu'il aurait "lui-même un effet écologique négatif", et sa construction nécessiterait de fait des mesures de compensation.
A l'heure actuelle, aucun moyen ne permet aux piétons de traverser le Rhône entre Sierre et Loèche, soit sur une longueur de quelque huit kilomètres.
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La Pierre du Meurtrier sauvée de l'autoroute
La Pierre du Meurtrier, un gros rocher situé le long de la route cantonale Sierre - Susten, exactement sur le tracé de la future autoroute, doit son nom à une légende de la région.
Une mère et son fils s'aventurent à la nuit tombante dans ce bois qu'on dit alors mal habité. Un brigand surgit et leur lance un défi en demandant ce qui pourrait être plus dur que cette pierre. "Le coeur du brigand", répond alors l'enfant. Furieux, l'homme précipite violemment le garçonnet contre le rocher.
Le sort de la Pierre du Meurtrier sera débattu en 2010 au Grand Conseil valaisan. Elle sera finalement épargnée, puisque l'autoroute passera au sud de la pierre, en souterrain.