On trouve encore des mètres cubes de neige sur le col du Grand-Saint-Bernard, un phénomène rare à la mi-juin. "Je pense qu'avec la fonte qu'il y a eu cette semaine et le coup de chaleur qu'il nous reste encore ces jours, on est bons!", s'est toutefois exclamé Frédéric Moulin, voyer du secteur, dans le 12h45.
L’ouverture du col aurait dû avoir lieu le 4 juin dernier. Mais la neige était encore trop abondante et le manteau très instable. Les spécialistes craignaient des avalanches sur la route, raison pour laquelle ils ont attendu ce jeudi pour la réouverture.
"Printemps accéléré"
"En six jours, c'est un peu un printemps accéléré. Donc les fortes pluies, la hausse des températures et puis le tassement rapide du manteau neigeux nous ont permis de prendre cette décision", explique Frédéric Moulin. "Je pense qu'il y aura beaucoup de monde: on voit que déjà les cyclistes étaient au rendez-vous ces jours passés; ils n'ont pas pu monter parce qu'on a dû interdire l'accès à cause de cette situation spéciale".
Par "situation spéciale", il faut comprendre un manteau neigeux imprévisible durant tout l'hiver. Des couches instables qui ont causé de nombreuses avalanches dans les Alpes. C'est cette crainte qui a poussé les spécialistes à garder le col fermé plus longtemps.
Prudence de mise
Si les dangers d'avalanche sont désormais écartés à 2500 mètres, la prudence reste de mise au-dessus. Pour les randonneurs et amateurs de ski ou raquettes en haute altitude, le risque d'avalanches est encore présent.
Selon Eric Berclaz, observateur pour les dangers naturels et guide de montagne, ce sont avant tout ces personnes qui doivent être attentives: "Les skieurs continueront à prendre le matériel de sécurité nécessaire, mais ceux qui se baladent avec des raquettes ou à pied à des altitudes de 2800-3000 mètres n’évaluent pas forcément les risques. Sur une pente raide, à 16h00, lorsqu’on commence à s’enfoncer dans la neige jusqu’au genou, on n’est pas à l’abri d’une catastrophe".
Ainhoa Ibarola/jpr
Hiver meurtrier
L'ouverture du col marque la fin d'un hiver particulièrement meurtrier: "Tout l'hiver, nous sommes restés un peu sur la défensive. C'est quand même un hiver assez spécial", relève Eric Berclaz, observateur pour les dangers naturels et guide de montagne. "J'ai perdu plusieurs collègues. Nous avons eu un hiver assez dur au niveau de ce qui s'est passé en montagne. On compte sur une moyenne de 25 décès par année dans les avalanches, et là, cette année, je crois, sauf erreur, qu'on est à 32 déjà à la fin avril."