Face au barrage de la commune de Bagnes (VS), des chamois et bouquetins sont aux premières loges pour assister à l'opération de curage. Chaque seconde, 10'000 litres d'eau jaillissent des vannes ouvertes et forment une cascade éphémère.
La scène est spectaculaire, mais surtout dangereuse. Des patrouilles surveillent les rives de la Dranse plus bas dans la vallée et mettent en garde les passants. "C'est important de ne pas s'approcher des rives car le débit va encore augmenter", est-il communiqué aux promeneurs.
"Le débit est d'un mètre cube et, en l'espace de quelques minutes, on peut se retrouver avec dix mètres cubes, explique Johan Savioz, chef d’exploitation des Forces Motrices de Mauvoisin, vendredi dans le 19h30. Les conséquences peuvent être graves."
Une opération délicate
Une telle purge n'a lieu qu'une fois tous les deux ans. Son objectif est de garantir la capacité d’écoulement de la rivière en évacuant les matériaux charriés par les orages et les avalanches. Cela permet, par la même occasion, de décrasser les installations hydroélectriques.
"On peut avoir jusqu'à trois ou quatre mètres de hauteur de sédiments, rapporte Yvan Michaud, électricien au barrage de Mauvoisin. Il faut les empêcher de monter jusqu'à cette hauteur afin que les installations puissent toujours fonctionner."
Le nettoyage se fait par pression, en vidant rapidement la prise d’eau. Dans le lit de la rivière, une vague déferle et fait courir un danger aux randonneurs, mais également aux poissons. La densité des sédiments est ainsi régulièrement contrôlée tout au long du parcours.
Bien que les opérations aient été annoncées vendredi, une purge automatique peut être déclenchée à tout instant. En Valais, les lits des rivières constituent un danger permanent dans presque toutes les vallées latérales.
Romain Boisset/iar