A Martigny, la Foire du Valais se veut un trait d'union entre les deux parties linguistiques du canton. Mais les Haut-Valaisans y sont plutôt rares encore, reconnaît Gilles Florey, président de la commune limitrophe de Salquenen et membre du comité de la foire: "on ne compte qu'une dizaine d'exposants du Haut-Valais sur 400 et les germanophones représentent moins de 5% des visiteurs".
Pour Gilles Florey, la Foire devrait être un événement fédérateur. "On a fait beaucoup de publicité dans le Haut-Valais pour la Foire cette année", explique-t-il, "et on est aussi par exemple en discussion avec les organisateurs de l'Open Air de Gampel qui se demandent eux comment faire connaître leur festival à un public romand". Selon lui, l'aspect culturel a un rôle important à jouer en matière de cohésion cantonale.
La barrière de la langue
Gilles Florey admet que la langue peut constituer un obstacle: "les Haut-Valaisans n'aiment pas parler allemand, ils préfèrent parler le dialecte". Pour le conseiller d'Etat Christophe Darbellay: "la clé, c'est d'abord la langue. Et puis on essaye aussi de trouver des facteurs de cohésion au travers de la Constitution, en représentant correctement les minorités par exemple, je crois que c'est quelque chose de très sensible en Valas".
On a beaucoup de choses en commun, mais dans le fond, en dehors du FC Sion, il n'y a pas grand-chose qui nous fait vibrer ensemble
"La question du bilinguisme dans le canton a été traitée de manière insuffisante pendant des années. On ne faisait pas beaucoup d'échanges linguistiques, on s'est beaucoup amélioré récemment, mais on a encore un énorme chemin à parcourir", ajoute le conseiller d'Etat. "Si on prend l'exemple de la région de Sierre, qui se situe à la limite linguistique, on a une très faible proportion des habitants qui sont capables de communiquer dans l'autre langue".
Le gouvernement a fait du bilinguisme une de ses priorités. En Valais, la proportion de parfaits bilingues français-allemand est d'environ 3%, selon l'office cantonal de la statistique.
Des traditions qui rassemblent
Sébastien Pico, directeur du HC Viège, fait partie de cette minorité parfaitement bilingue. Valaisan de coeur, il est arrivé dans le canton quand il avait 12-13 ans et se souvient de son intégration relativement rapide. "Quand on jouait au foot à l'école, je devais toujours aller dans les buts et tout le monde me tirait dessus. Mais après 6 mois, quand j'ai commencé à parler le haut-valaisan, j'ai enfin pu jouer en attaque et j'ai été accepté très facilement".
Pour Sébastien Pico, le Valais a bien malgré tout une identité et une culture communes: "le carnaval se fête de la même manière, les combats de Reines, mais on a aussi la viticulture qui nous rassemble".
Au printemps dernier, un sondage réalisé par le Walliser Bote révélait que 60% des Haut-Valaisans seraient favorables à la création de deux demi-cantons. Mais parmi les interlocuteurs rencontrés par le magazine de la RTS 15 Minutes cette semaine, personne n'y croit réellement.
Favoriser les échanges
Actuellement, au niveau de la formation, 10% des élèves, étudiants et apprentis effectuent un échange. "Le canton du Valais enregistre le plus haut taux de Suisse, mais cela n'est pas suffisant", concède Christophe Darbellay. L'objectif du département de la formation est "de doubler le nombre de séjours linguistiques", mais aucun délai n'a été fixé pour parvenir à cet objectif.
Au collège de Brigue, environ 150 francophones fréquentent l'établissement sur les 800 élèves. Théo est l'un d'eux. "Je connaissais un peu le Simplon, mais le Haut-Valais c'était quand même une terre inconnue pour moi. Je pense qu'il y a un travail à faire pour que les deux parties apprennent à se connaître un peu mieux", reconnaît l'adolescent.
Matthias Schmidhalter, le professeur d'allemand de Théo, se dit triste lorsque deux Valaisans parlent en anglais ensemble. Selon lui, le bilinguisme est une chance. Cette barrière de la langue ne devrait pas en être une: "l'important, c'est surtout d'être fier d'être Valaisan, que l'on soit du haut ou du bas, ce n'est pas important, nous sommes avant tout Valaisan"! rappelle le professeur.
>>> La Valais a t-il un problème de cohésion ? Ecoutez le débat de Forum avec René Graf, président du Forum bilingue, et vice-recteur de la HES-SO; Florian Evéquoz, membre de la Constituante valaisanne, et l'écrivaine et journaliste Chiara Meichtry-Gonet.
Martine Clerc/ Guillaume Rey
adaptation web: Katia Bitsch