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L'initiative sur les grands prédateurs "inutile et absurde" pour ses opposants

L'initiative sur les grands prédateurs "inutile et absurde" pour les opposants. [Keystone]
La campagne liée à l'initiative "Pour un canton du Valais sans grands prédateurs" a débuté / La Matinale / 1 min. / le 27 octobre 2021
L'initiative "Pour un canton du Valais sans grands prédateurs" en votation le 28 novembre est "inutile et absurde", estiment ses opposants, pour qui la gestion des espèces protégées est de compétence fédérale. Le canton ne peut pas gérer tout seul sa faune sauvage.

L'initiative n'amène aucune solution aux éleveurs, dénonce le comité d'opposants, composé d'élus de gauche et d'organisations de défense de la nature. Elle ne prévoit aucun soutien concret, que ce soit sur le terrain, financièrement ou administrativement, et démontre "une incapacité totale à proposer de vraies réponses".

Le Conseil d'Etat valaisan reconnaît d'ailleurs lui-même que l'initiative "ne changerait pas grand-chose à la situation d'aujourd'hui puisque les exigences de l'initiative sont déjà largement appliquées", précise le comité dans un communiqué. Le canton ne dispose que d'une très faible marge de manoeuvre pour édicter un concept cantonal en la matière.

"Solution" pas durable

Les opposants assurent accepter le tir occasionnel de loups qui posent problème, tel que le définit l'ordonnance fédérale sur la chasse. Ils refusent par contre "toute extermination des grands prédateurs, qui font partie du patrimoine naturel et historique du Valais".

A leurs yeux, la "solution" du tir n'a rien de durable au vu des effectifs de loups dans les pays limitrophes et de leur forte capacité de colonisation. La gestion du loup est multifactorielle et la recherche de solutions doit prendre en compte un grand nombre de paramètres.

Les opposants dénoncent en outre un texte qui s'attaque selon eux à la richesse de la faune sauvage: il vise non seulement des espèces fragiles et protégées comme le lynx, mais aussi d'autres espèces comme l'aigle royal, qui sont des emblèmes de la faune alpine.

Formulation problématique

L'initiative a été lancée en 2016 par une dizaine de Haut-Valaisans. Elle a abouti en janvier 2017, munie de 9545 signatures, soit 3545 de plus que nécessaire. Elle exige l'introduction d'un nouvel article 14bis dans la Constitution cantonale: "L'Etat édicte des prescriptions relatives à la protection contre les grands prédateurs ainsi qu'à la limitation et à la régulation de leur effectif. La promotion de la population des grands prédateurs est interdite".

Cette dernière phrase est floue et problématique, estime le comité. Selon lui, prendre publiquement position en faveur des grands prédateurs, par exemple en rédigeant un courrier de lecteur dans un journal, deviendrait illégal. La liberté d'expression serait ainsi gravement menacée.

Les efforts de protection des troupeaux, tout comme certains projets de recherche scientifique, seraient assimilables à de la promotion des grands prédateurs et pourraient disparaître, affirme le comité d'opposants, qui critique également "de nombreux vices de forme et de procédures" liés à l'initiative.

ats/jfe

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