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Sur les alpages valaisans, les moutons coûtent plus qu'ils ne rapportent

Zoom (vidéo) - Ces moutons qui coûtent plus qu'ils ne rapportent
Zoom (vidéo) - Ces moutons qui coûtent plus qu'ils ne rapportent / La Matinale / 3 min. / le 9 novembre 2021
Alors que le loup est au coeur d'une votation le 28 novembre en Valais, avec l'initiative "Pour un canton du Valais sans grands prédateurs", qu'en est-il de sa proie privilégiée: le mouton?

En regardant les chiffres, sollicités par la RTS auprès du canton et de la Confédération, les moutons coûtent plus qu'ils ne rapportent.

Les moutons sont surtout évoqués lorsqu'ils ont succombé aux crocs du loup. Leurs carcasses sont comptées au gré des attaques et un bilan est tiré à la fin de l'été. Cette année, en Valais, plus de 300 moutons ont ainsi été tués par des loups.

Mais combien sont-ils au total et pourquoi y sont-ils?

Plus-value de 2 millions

Il y a environ 30'000 moutons sur les alpages valaisans pour une plus-value économique directe de 1,8 million de francs pour l'engraissement des agneaux à viande et de 280'000 francs pour le lait. La production de laine - pour de l'isolation, ou plus marginalement pour des habits - demeure négligeable.

Les moutons contribuent aussi à ce qu'on appelle l'entretien du paysage. En broutant les broussailles des pâturages, ils évitent que ceux-ci se transforment en forêt. Les promeneurs peuvent donc continuer à s'y rendre. La biodiversité est gagnante et le risque de feu de forêt est limité comme celui d'avalanche puisque la neige glisse moins facilement sur de l'herbe rase. Mais tous ces divers bénéfices ne sont pas directement monétisables.

Des coûts élevés

L'économie du mouton génère donc quelques profits. Mais elle coûte bien davantage à l'Etat: quelque 1,7 million en Valais, pour les paiements directs, qui peuvent être vus comme la contrepartie à l'entretien du paysage.

L'Etat dépense encore bien plus dans le cadre de la difficile cohabitation avec le loup. Entre le monitoring du grand prédateur, le subventionnement de la protection des troupeaux et l'indemnisation des éleveurs en cas d'attaque, le Valais débourse 13 millions de francs par année et la Confédération 20 millions, paiements directs compris.

Autre chiffre intéressant: lorsque les autorités autorisent le tir d'un loup, parce qu'il a tué un certain quota d'animaux, cela coûte encore. Ainsi, 35'000 francs ont été dépensés pour le loup de Conches, dans le Haut-Valais, entre la constitution du dossier qui a mobilisé deux personnes à temps plein durant cinq jours et les 258 heures passées par les gardes faunes pour traquer le grand prédateur.

>> Lire : Un loup abattu dans la vallée de Conches, dans le Haut-Valais

Davantage de loups, davantage de frais

Avec l'augmentation du nombre de loups, les frais vont encore augmenter, ce qui pose la question de l'intérêt réel de l'économie du mouton. A comparer ce que rapportent et ce que coûtent les moutons d'alpages, ne faudrait-il pas capituler face au loup? Le traquer sur 3400 kilomètres, comme cet été dans le Haut-Valais pour finalement le tirer, n'a pas réussi à sauver beaucoup de moutons pour autant.

Mais personne ne tient ce discours en Valais. Même les opposants au scrutin du 28 novembre ne veulent pas s'en prendre au patrimoine que représentent les moutons. Ils prônent eux aussi la cohabitation avec le loup. Un modèle qui coûtera plus cher, à moins d'améliorer la protection des troupeaux pour les uns, ou d'assouplir les conditions de tir du loup pour les autres.

>> Lire : L'initiative sur les grands prédateurs "inutile et absurde" pour ses opposants et L'initiative valaisanne sur les grands prédateurs veut envoyer un "signal fort" à Berne

Romain Carrupt/lan

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