Le Valais accueille actuellement 219 chercheurs sur le campus Energypolis, près de la gare de Sion, un chiffre qui va progressivement doubler avec l'ouverture ce printemps d'Alpole, pôle de recherche sur l'environnement alpin et polaire qui étudiera les changements climatiques.
Deux nouveaux éléments sont encore prévus en 2022. Tout d'abord, en février le début de la construction du pôle santé, près de l'Hôpital de Sion. Il sera l'équivalent médical de l'actuel campus Energypolis pour l'énergie, un lieu de synergie entre la recherche théorique et la formation pratique.
Ensuite, en mai, le projet d'un parc de l'innovation va être étudié par le Grand Conseil. L'idée de ce parc, qui rassemblerait du personnel de l'EPFL et les unités de recherches des grandes entreprises, est de faire en sorte que les fruits de la recherche fondamentale profitent aux entreprises innovantes du canton.
Quel retour sur investissement?
Le Conseil d'Etat a d'ailleurs promis au Parlement qu'il commanderait une étude sur ces retours sur investissements, mais seulement une fois le pôle santé et le parc de l'innovation en activité, c'est-à-dire en 2024 au plus tôt.
En attendant, le volume des investissements est connu, soit 400 millions d'argent public. Cette enveloppe, financée surtout par le canton, pourrait encore grossir. D'ici la fin du mois, l'Etat du Valais et l'EPFL vont discuter une première fois de l'éventuelle création de nouvelles chaires.
"Aujourd'hui, on reconnaît que l'EPFL s'engage vraiment. La convention de base que nous avons signée en décembre 2012 prévoyait la venue de onze chaires en Valais, dont sept financées par le canton du Valais", a relevé dans La Matinale de vendredi Sophia Dini, déléguée à l'économie et à l'innovation du canton du Valais. "On en est aujourd'hui à six chaires supplémentaires financées par l'EPFL. Et bientôt à 400 chercheurs."
L'EPFL a aussi permis un plus grand développement de la HES, ce qui explique en partie sa grande popularité. A chaque vote sur une demande de crédit, aucune objection n'émane du Grand Conseil. Il faut dire que s'opposer à l'innovation n'est pas franchement porteur.
La faîtière des indépendants critique
Mais certains milieux économiques sont plus critiques. Ainsi, pour le secrétaire général de l'Union des indépendants, le député PLR Thomas Birbaum, "on attend toujours de voir les réalisations concrètes. De grands moyens financiers sont investis mais on ne voit pas vraiment les applications industrielles, le retour concret pour l'économie privée. Les emplois sont subventionnés par l'argent public, c'est un peu un mirage de voir ses emplois comme des véritables emplois créés par la richesse privée".
Pour l'Union des indépendants, il vaudrait donc mieux soutenir l'innovation par des incitations fiscales. Quand l'Etat investit massivement dans un secteur, il fausse les règles du jeu, selon cette association. De plus, il y a un risque de soutenir des entreprises sans marché, quand dans le même temps, des industries privées, comme Lonza à Viège, investissent et créent davantage d'emplois sans soutien massif.
Romain Carrupt/lan
Soutien fort de la part du canton
En marge du développement de l'EPFL en Valais, Vincent Hiroz deviendra le 1er mars le nouveau directeur de cette antenne. Il explique notamment vouloir favoriser la collaboration avec le canton, dont il souligne le soutien et la "volonté très forte de développer ce projet d'Energypolis". "Mais rien n'est décidé pour le moment", a-t-il indiqué vendredi soir dans Forum.
Ce soutien du canton explique en partie le succès et l'enthousiasme autour du campus valaisan de la haute école, tout comme les opportunités qui ont su être saisies. Mais par ailleurs, "l'EPFL se développe dans les différents cantons en fonction des clusters dans lesquels chaque canton est spécialisé. Et c'est vrai que le Valais, avec l'énergie, la santé et l'environnement qui sont des thèmes d'actualité, a présenté un avantage certain", explique-t-il.