Lorsqu'on parle d'égalité hommes-femmes, on pense généralement aux désavantages des femmes dans notre société. Pourtant, à Brigue, dans le Haut-Valais, un bureau a ouvert l'automne dernier pour répondre exclusivement aux questions et aux problèmes des hommes, de façon individuelle et confidentielle. Si ce projet-pilote aboutit, un bureau pourrait ouvrir ses portes dans le Valais romand.
Même s'il n'en y en a pas encore en Suisse romande, les bureaux des hommes, ou "Mannebüros", existent depuis 1989 en Suisse allemande. A l'origine de ce projet, deux étudiants en travail social convaincus qu'il ne fallait pas uniquement proposer des conseils aux victimes de violences domestiques, mais également aux auteurs de ces violences.
Depuis, l'offre en Suisse alémanique s'est étoffée. On trouve désormais des "Mannebüros" à Berne, Lucerne et Zurich, et l'assistance proposée aux hommes s'y est considérablement élargie au fil des années.
Ces bureaux répondent, d'homme à homme, aux diverses interrogations des hommes de tous les âges: une séparation ou un divorce compliqué, la paternité, la sexualité, les addictions, les questions d'argent, les problèmes professionnels ou encore de violence.
Une société qui évolue
"Historiquement, les hommes s'écoutent moins", explique Isabelle Darbellay Métrailler, cheffe de l'Office cantonal de l'égalité et de la famille du canton du Valais dans l'émission On en parle. Et la spécialiste de citer par exemple le fait qu'ils recourent moins aux offres de formations continues ou au développement personnel.
"Cependant, ce stéréotype n'est plus d'actualité", souligne Isabelle Darbellay Métrailler. "Ces dernières années, les relations entre les femmes et les hommes ont changé. Ce sont surtout les mouvements féministes qui revendiquent l'égalité, mais les hommes font aussi partie de cette société. Aujourd'hui, on leur demande d'être des pères différents, des maris différents. Je pense que les accompagner sur ce chemin est une bonne chose pour tout le monde: les femmes, les enfants et les hommes", précise-t-elle.
Plutôt dans les mœurs germanophones
Pourquoi avoir choisi d'ouvrir un bureau dans le Haut-Valais? Pour Isabelle Darbellay Métrailler, "ce genre de bureau est plus dans les mœurs de la partie germanophone que dans la partie romande. Nous avons choisi le Haut-Valais parce que nous avions des personnes sur place aptes à le faire."
Les réactions ont pourtant été mitigées lors de l'inauguration du bureau pour hommes en automne dernier. "En Suisse romande, je pense que nous n'avons pas l'habitude de ce genre de structure. Le nom 'Mannebüro' ne devrait peut-être pas être traduit par 'bureau des hommes'. En entendant cela, certaines personnes ont pensé que les hommes allaient s'y plaindre. Son objectif n'a pas été immédiatement compris."
Malgré tout, le bureau a trouvé son public, même s'il est encore un peu timide: "Nous avons reçu six personnes, et deux jeunes qui ont été adressés par l'Office de protection de l'enfance. Des hommes du Valais romand ont également appelé, et ils ont été orientés vers l'association Männer.ch, qui possède un coordinateur romand. Nous collaborons avec l'association pour les cours de préparation à la naissance par exemple. Nous allons devoir faire le bilan de cette première expérience haut-valaisanne pour décider si nous ouvrons un bureau dans le Valais romand."
Propos recueillis par Yves-Alain Cornu/Théo Chavaillaz
Adaptation web: ms