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Attirée par le jackpot, Sion veut accueillir un casino sur un terrain d'intérêt général

Zoom (vidéo) - Les casinos sont-ils d'intérêt public?
Zoom (vidéo) - Les casinos sont-ils d'intérêt public? / La Matinale / 2 min. / le 31 janvier 2022
La redistribution des concessions de casinos par la Confédération pour la période 2025-2045 attise les appétits en Valais. Crans-Montana souhaite conserver ses machines à sous, mais Sion, Saxon, voire Martigny sont aussi sur les rangs. Le chef-lieu est même prêt à accueillir un casino sur un terrain d'intérêt général.

La proposition de la ville de Sion interpelle, en raison du règlement communal des constructions, pour qui une zone d'intérêt général vise les équipements "d'utilité publique", comme une école, un hôpital, un bâtiment administratif ou encore une place de jeu.

Les installations privées "importantes pour la collectivité", tels que pourraient l'être une clinique, un centre culturel, hôtelier ou sportif, sont également comprises dans la définition.

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Spécialistes critiques

Quid d'un casino? Des quatre spécialistes de l'aménagement du territoire sondés par la RTS, aucun n'estime qu'une maison de jeu entre dans cette liste, à moins d'en faire une interprétation très extensive, en assimilant par exemple le casino à l'hôtel, explicitement autorisé par le règlement municipal.

Mais pour l'architecte et urbaniste sédunois Lucien Barras, une zone d'intérêt général ne doit pas être ouverte à des entreprises commerciales, car de ce statut particulier découle une réglementation plus souple au niveau de la hauteur des bâtiments, notamment.

Ancien président des ingénieurs et architectes valaisans, Léonard Bender estime pour sa part qu'un casino sort de la définition du règlement communal. Du point de vue politique, il ne donnerait son feu vert que si la ville disposait de plus de zones d'intérêt général que nécessaire pour la prochaine génération.

Sans pour autant cautionner l'argument, une urbaniste imagine que la Ville pourrait justifier la construction d'une maison de jeu en l'assimilant à un hôtel, une exception autorisée par le règlement communal.

Intérêt économique pour Sion

Du côté de la Ville de Sion, le président de la commune Philippe Varone (PLR) voit un intérêt public dans l'intérêt économique que représentent les différents impôts qui pourraient être encaissés. Il cite aussi l'argument touristique sur lequel les autorités entendent davantage miser désormais.

A titre de comparaison, le Casino de Crans-Montana a déjà rapporté jusqu'à 900'000 francs en une année aux communes alentour, sans compter les retombées indirectes. La Confédération et le canton du Valais encaissent du reste davantage, en percevant près d'un quart des recettes, qui ont avoisiné les 15 millions de francs en 2019.

Pas un cas à part

A Sion, au-delà du cas du casino, ce n'est pas la première fois qu'une règle d'aménagement du territoire ou d'intérêt public est interprétée largement. C'était notamment le cas de la télécabine censée relier la capitale valaisanne à la station de Veysonnaz.

La Ville a toujours laissé entendre que la Confédération la financerait dans la mesure où il ne s'agissait pas seulement de tourisme, mais d'un transport public. L'Office fédéral des transports ne l'a pas entendu de cette oreille.

Un autre cas concerne un "oenoparc" exploité par la cave familiale du président de commune, Philippe Varone. Ce projet est situé en zone agricole protégée, ce qui pourrait poser un problème. Le Grand Conseil valaisan a chargé le Conseil d'Etat de faire la lumière sur cette demande d'autorisation de construire controversée.

Romain Carrupt, Flore Dussey

Adaptation web: Jérémie Favre

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Quatre participants pour un poker fermé

Autour de la table, ils sont déjà quatre candidats à viser le même jackpot: exploiter un casino en Valais durant 20 ans, à partir de 2025. L'attribution des concessions aux maisons de jeu devrait être décidée en octobre 2023 par la Confédération. La procédure d'appel pour le dépôt des demandes de concession devrait être menée entre mai et septembre 2022.

Déjà dotée d'un casino, la commune de Crans-Montana part avec une bonne main. "Nous employons entre 40 et 50 personnes. Il y a aussi une redistribution d'environ 900'000 francs par année, qui revient aux infrastructures et à la culture de la région", clame David Bagnoud, membre du conseil d'administration du Casino, vendredi dans le 19h30.

Les autres candidats sont situés en plaine. A Sion, les gabarits ont déjà été installés, avant même le dépôt d'un dossier. "On est au milieu du canton, c'est bien desservi par les transports publics et avec une sortie d'autoroute à proximité. Il y a aussi l'exploitant, à savoir le Grand Casino de Lucerne, qui possède plus de 100 ans d'expérience dans le domaine", argue Gilles Florey, membre du conseil d'administration de VF Invest AG.

Mercredi dernier, l'assemblée primaire de Saxon a accepté de vendre un terrain à la société de Christian Constantin pour un montant d'environ 3 millions de francs. Si le promoteur valaisan ne décroche pas la concession d'exploitation, le terrain retournera à la commune.

Dans cette course, le promoteur et président du FC Sion avance plusieurs pions à la fois. "Nous avons deux possibilités qui peuvent être Saxon ou Martigny", confirme Christian Constantin au 19h30.

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