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La nomination de politiques dans les conseils d'administration pose question en Valais

Zoom - Le placement des partis politiques dans les conseils d’administration valaisans
Zoom - Le placement des partis politiques dans les conseils d’administration valaisans / La Matinale / 3 min. / le 9 février 2022
En Valais, les nominations de plusieurs personnalités hors du sérail au sein de conseils d'administration - contrôlés par le canton - font grincer des dents. Des députés de tous bords ne peuvent s'empêcher de penser que d'autres critères que les compétences ont été pris en compte.

En Valais la semaine dernière, le Conseil d'Etat a choisi pour la première fois une élue UDC, Géraldine Granges Guenot, pour sièger au conseil d'administration de la Banque cantonale du Valais (BCVs).

Sept mois plus tôt, il avait nommé le PDC Diego Clausen et l'UDC Marylène Moos à la gouvernance stratégique des Forces motrices valaisannes (FMV).

Certains élus contactés par la RTS estiment que ces nominations sont liées à un partage entre partis politiques. Le Haut-Valaisan Diego Clausen n'aurait, par exemple, pas été nommé aux FMV, parce qu'il est architecte, mais parce qu'il a été pendant seize ans une figure du PDC au Grand Conseil.

Le critère "femme"

Dans les deux autres cas - Marylène Moos aux FMV et Géraldine Granges Guenot à la BCVs - l'étiquette UDC aurait joué un rôle. D'ailleurs, le président de l'UDC valaisanne Donald Moos concède que le retour de l'UDC au gouvernement avec l'élection de Franz Ruppen en mars 2021 a certainement compté, tout comme le fait que l'UDC se soit souvent plainte d'être tenue à l'écart des conseils d'administration contrôlés par l'Etat.

Le critère "femme" aurait aussi joué un rôle dans les nominations de Géraldine Granges Guenot et de Marylène Moos. Dans un canton qui n'a compté qu'une seule cheffe de service jusqu'en 2019, cet aspect semble prendre de l'importance. L'effet de rattrapage dans ce domaine est flagrant, avec désormais sept cheffes de service en exercice.

Mais les nominations des cheffes de services ne sont pourtant pas aussi commentées, car leur engagement est légitimé par un processus de recrutement rigoureux avec une recherche de profils bien spécifiques.

Recrutement opaque

Par contre, pour les conseils d'administration, l'opacité règne. Le Conseil d'Etat nomme qui il veut comme le président de la République choisit ses ministres. C'est ainsi qu'un architecte et une mère au foyer se retrouvent aux FMV. Et qu'une directrice de PME dans le domaine horticole accède à la BCVs, alors que d'autres profils peuvent sembler plus légitimes. Pour la BCVs, l'UDC Blaise Melly, professeur d'économie à l'Université de Berne avait, par exemple, postulé.

Le conseiller d'Etat en charge des finances et de l'énergie Roberto Schmidt justifie les choix gouvernementaux: Géraldine Granges Guenot représente les PME, l'agriculture et le Bas-Valais. Elle emploie tout de même 130 personnes et l'autorité de contrôle FINMA a donné son accord.

Le critère du genre n'a pas été déterminant, mais il réjouit le gouvernement. Parce que la loi impose 30% de femmes dans les conseils d'administration des sociétés cotées en bourse. Reste que si le poste avait été mis au concours, d'autres directrices ou directeurs de PME auraient sans doute postulé pour ce temps partiel rémunéré 90'000 francs par an.

"Pas de partage politique"

Concernant la nomination de Diego Clausen et de Marylène Moos aux FMV, Roberto Schmidt reconnaît avoir cherché un Haut-Valaisan et souligne les connaissances en assainissement énergétique des bâtiments de l'architecte. L'autre candidate aurait été retenue parce qu'elle siège à l'exécutif d'une commune qui vend de l'eau aux barrages, ce qui peut s'avérer pratique dans les négociations à venir, selon le canton.

"Pas de partage politique", jure le gouvernement. Il faut dire que la Commission de gestion préconise d'écarter les critères politiques, régionalistes ou de genre. Car à trop vouloir contenter tout le monde, le risque existe de se priver des meilleurs éléments, ce que suspectent précisément plusieurs élus du Grand Conseil.

Romain Carrupt/vajo

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