Des pièces archéologiques de la collection Guigoz, en Valais, pourraient être restituées
Les musées cantonaux du Valais ont expertisé les 3700 pièces de cette collection léguée à l'Etat du Valais par l'industriel Edouard Guigoz en 1970. Il ressort de cette étude que la plupart des pièces sont des objets courants ou de faible valeur marchande.
Hormis une vingtaine d'objets uniques ou rares, leur intérêt archéologique est fortement diminué par l'absence de provenance précise.
Ces pièces avaient été retirées des salles d’exposition en 1985 et étaient depuis stockées dans les réserves des musées cantonaux. Elles sont parfois issues de "pillages qui ont été faits sur des sites archéologiques, la plupart du temps dans les nécropoles", selon Pierre-Yves Nicod, conservateur du département Préhistoire et Antiquité du Musée d'histoire du Valais.
Évolution des politiques institutionnelles
La Suisse a ratifié en 2003 une convention de l'Unesco "concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert illicite des biens culturels" et adopté une loi fédérale en la matière en 2005.
Ces lois n'étant pas rétroactives, la collection Guigoz ne contrevient pas à la législation. Mais cette démarche des musées valaisans montre l'évolution des politiques institutionnelles, qui recherchent plus de transparence et de communication publique, afin de favoriser la provenance des pièces.
Des demandes attendues
Une sculpture volée à la fin des année 1950 à Ostie avait déjà été restituée à l'Italie en 1979. Mais, à ce jour, aucune autre pièce n'a été identifiée comme un objet volé ou spolié.
Par exemple, pour le chapiteau, en photo ci-dessus, "on reconnaît l'authenticité de l'objet, par contre la provenance est un problème, parce qu'on retrouve ce type de chapiteau aussi bien en Italie qu'au Liban, en Turquie ou en Grèce", explique Marc-André Haldimann, directeur d'étude à Uni Berne.
Toutes les pièces sont désormais inventoriées et fichées sur le site de Vallesiana pour les rendre accessibles au public et aux Etats. "On risque d'avoir des demandes de pays qui vont réclamer une collection complète de lampes à huile", explique Pierre-Yves Nicod, qui a aussi participé à l'étude.
Toutes les demandes dûment étayées par des ayants droit seront éligibles à la restitution. En attendant, en cas d'exposition ou de publication sur la collection Guigoz, il devra impérativement y avoir une mise en évidence du caractère problématique de sa provenance, comme le souligne une décision du Conseil d'Etat.
Reportage TV: Cédric Jordan et Pierre Habran
Adaptation web: Elisa Casciaro