Joël Rossier avait notamment dénoncé divers manquements et infractions à la législation environnementale de la part du Service de la protection contre les crues du Rhône (SPCR) en ce qui concerne la gestion de la nappe phréatique en aval de la décharge de Gamsenried.
Pour clarifier ces critiques, l'Inspection valaisanne des finances avait mandaté un expert neutre et indépendant. Jeudi, le Conseil d'Etat valaisan a annoncé avoir pris connaissance de son rapport final. Celui-ci porte principalement sur le traitement par le Service valaisan de l'environnement (SEN) du dossier des autorisations de pompage et de déversement des eaux accordées au SPCR. Il analyse également si ce dernier a bien répondu aux exigences fixées par le SEN.
Informations lacunaires avant les travaux
L'expert estime notamment que "trop peu d'attention a été accordée à l'interaction complète entre le Rhône et les eaux souterraines dans cette région". Conséquence: au moment de la montée de la nappe phréatique, les informations connues étaient lacunaires, notamment en ce qui concerne les polluants présents dans les eaux souterraines ou dans ceux des parcelles polluées dans la zone.
Pour lui, en raison des interventions importantes dues au projet de troisième correction du Rhône et du contexte jugé "très sensible", il existait un "potentiel de risques considérables". Il juge donc "compréhensible" que le SEN ait posé des conditions "très étendues" et exigé du Service de la protection contre les crues du Rhône des données supplémentaires. "Les pollutions à la benzidine mises en évidence par la suite légitiment encore plus ces exigences à posteriori", ajoute-t-il.
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Un puits de pompage sans autorisation de construire
En 2016, une forte remontée de la nappe phréatique a conduit à la construction dans l'urgence de puits de pompage dans la région de Lalden. Ceci a été fait sans autorisation de construire, de prélever de l'eau souterraine et de la déverser dans le Rhône. Ces éléments "ne répondaient pas aux exigences légales", précise l'expert.
Le rapport indique que la question de la légalité "est encore moins claire à partir du moment où l'on constate", pour la première fois en juin 2016, "que l'eau rejetée présente des pollutions importantes". "On savait donc à l'époque que les eaux polluées avaient été déversées dans le Rhône, contrairement aux conditions fixées dans l'autorisation du SEN".
Selon l'expert, le projet de troisième correction du Rhône s'est ainsi accommodé d'influences potentiellement néfastes pour l'environnement. Cela a par exemple conduit à ce que des eaux usées chargées notamment en benzidine soient rejetées dans le Rhône.
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Collaboration pas constructive
L'expert termine son analyse en relevant que "d'une manière générale, les dossiers montrent qu'il n'y a pas eu, du moins jusqu'en 2019, de collaboration constructive entre le SPCR et le SEN", une situation "pas propice à la réussite de la planification et de la réalisation du projet" de correction du Rhône.
Dans un communiqué publié jeudi, l'Etat du Valais a voulu souligner de son côté que "plusieurs adaptations structurelles ont été menées au sein du Département de la mobilité du territoire et de l'environnement", et que "tous les puits contenant de la benzidine ont été équipés de filtres qui pourront, au besoin, être utilisés sur d'autres chantiers de la troisième correction du Rhône".
ats/vic
Le départ du chef du SEN avait fait du bruit
Le chef du SEN Joël Rossier avait démissionné en juin 2019 alors qu'il aurait dû quitter son poste à la fin octobre. Il avait été libéré de son obligation de travailler le 21 août 2019 par le Conseil d'Etat, qui évoquait une "rupture de confiance".
Le chef démissionnaire avait remis au préalable de multiples documents aux autorités de surveillance. Chargée d'investiguer sur les dysfonctionnements potentiels au sein du département de la mobilité, du territoire et de l'environnement (DMTE), la commission de gestion n'a pas constaté de dysfonctionnements majeurs, mais des problèmes de gestion, d'organisation et relationnels au sein du département.
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