Remontées mécaniques valaisannes: "Un salaire minimum obligatoire est prévu pour l'hiver 2023"
Un salaire minimum obligatoire pour les employés des remontées mécaniques pourrait devenir une réalité en Valais, où 36% de ce personnel est aujourd'hui sous-payé. Ce chiffre provient d'une analyse de tous les salaires de la branche, publiée en mai dernier et constatés entre 2018 et 2021.
Selon Pierre Mathey, secrétaire général de la faîtière des remontées mécaniques valaisannes, il s'agit "d'un chiffre important". Si, pour l'heure, un salaire minimum n'est pas obligatoire, cela pourrait changer. En effet, le Conseil d'Etat va devoir décider s'il rend obligatoire le salaire minimum à 4000 francs sur lequel se sont mis d'accord les remontées mécaniques et les syndicats chrétiens.
Techniquement, le Conseil d'Etat fixerait la partie salariale du contrat-type, ce qui est prévu dans seulement six cas en Suisse. Interrogé mercredi sur les ondes de la RTS, le représentant des remontées mécaniques valaisannes se dit favorable à cette pratique. "Cette dernière permettrait d'augmenter l'attractivité professionnelle des postes de travail au sein des remontées mécaniques ainsi que la qualité des prestations".
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Argent public
Dans le milieu politique, cette sous-enchère salariale a fait réagir. Les conseillers d'Etat valaisans Mathias Reynard et Christophe Darbellay jugent ce dumping "intolérable". Ils exigent une "responsabilité sociale exemplaire" de la part des remontées mécaniques, la "colonne vertébrale du tourisme". Le conseiller d'Etat socialiste des affaires sociales et le conseiller d'Etat centriste de l'économie vont jusqu'à envisager de rendre obligatoire les salaires minimaux pour qu'il ne soit plus possible de les contourner par un contrat de travail écrit.
En effet, les entreprises qui pratiquent cette sous-enchère salariale ne risquent rien du moment qu'elles ont dérogé par écrit aux exigences du contrat-type. Mais en pratique, plusieurs d'entre elles se sont engagées à respecter le contrat-type pour toucher de l'argent public, ce qui soulève la question d'un remboursement de ces subventions.
Dans un communiqué, Unia a d'ailleurs appelé le canton à ne plus octroyer d'aide étatique aux entreprises ne respectant pas le contrat-type édicté et à demander un remboursement à celles qui auraient perçu des aides découlant de la loi sur l'encouragement des remontées mécaniques (LERM) mais pratiqué le dumping salarial. "Ce sera au Conseil d'Etat d'en décider", réagit le secrétaire général de la faîtière. Et d'ajouter: "Dès le moment où de l'argent public est fourni, on peut exiger l'exemplarité de la part des entreprises qui le touchent".
Quelles sont les conditions de travail jugées problématiques?
Les plus bas salaires avoisinent les 16 francs de l'heure alors qu'ils devraient se monter à 20 francs pour le personnel d'exploitation et 24 francs pour les dameurs. D'autres avantages sociaux sont aussi souvent négligés, au niveau des heures supplémentaires, du travail de nuit ou des augmentations automatiques de salaire.
Une grille salariale avec force obligatoire pourrait-elle conduire à une augmentation du prix des abonnements? "Les sociétés devront peut-être refaire leurs calculs et adapter certains prix", répond Pierre Mathey, qui vise le 1er janvier 2023, au plus tard, l'entrée en vigueur d'une grille salariale obligatoire.
Propos recueillis par Valérie Hauert/hkr