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Le Grand Conseil valaisan accepte la suppression du redoublement scolaire

Le Grand Conseil valaisan accepte la suppression du redoublement scolaire. [KEYSTONE - URS FLUEELER]
Le Grand Conseil valaisan dit oui à la suppression du redoublement scolaire / Le 12h30 / 1 min. / le 8 juin 2022
Le Grand Conseil valaisan a débattu mercredi une motion demandant la suppression du redoublement à l'école obligatoire. Le texte interparti a été accepté après sa transformation en postulat par 64 voix contre 60. Les partis étaient divisés.

Pour les auteurs de la proposition, Jean-Daniel Melly (Les Verts), Carole Melly-Basili (Le Centre), Grégory D’Andrès (PLR) et Gilles Florey (Le Centre du Haut), la recherche a montré que le redoublement est dans 85% à 90% des cas "inefficace du point de vue des apprentissages et de la progression des élèves. Il est négatif, injuste et est un frein au développement de l'école".

"Aujourd'hui, nous votons sur une idée, selon laquelle une moyenne en dessous de 4 ne suffit pas à faire échouer un élève", a lancé Carole Melly-Basili (Le Centre). Cette vision est déjà une réalité puisque l'école tient compte des conditions différentes des élèves. Il faut que la loi reflète cette vision, a-t-elle ajouté.

Il existe actuellement des décisions injustes quant aux critères utilisés pour le redoublement: à niveau égal, un élève redoublera ou non selon la classe, le centre scolaire, ou le degré de sévérité de l'enseignant, a complété le Vert Jean-Daniel Melly. "En acceptant ce texte, vous permettrez que ces inégalités diminuent voire disparaissent, vous insufflerez un changement pédagogique nécessaire, vous permettrait à environ 500 à 600 élèves de maintenir une bonne image d'eux-mêmes et vous réduirez aussi les inégalités sociales", a-t-il plaidé.

"Des illusions"

Pour l'UDC Grégory Logean, les motionnaires "vendent des illusions". Sans redoublement un élève en difficulté le sera encore plus l'année suivante. "Ne créons pas une génération de bisounours: l'école doit préparer les élèves aux réalités de la vie qui comprend le succès mais aussi l'échec".

"Supprimer le redoublement va tirer le niveau vers le bas", a abondé Pierre Gualino (Le Centre). Le député y voit aussi un premier pas vers la suppression des notes. Le système peut déjà gérer les cas particuliers, mais si on commence avec la promotion automatique, "il faudra mettre en place une véritable usine à gaz pour pallier les manquements scolaires".

Discussion plus large nécessaire

Le PLR et le PS se sont montrés divisés sur la question, mais ils étaient prêts à soutenir la proposition, si la motion était transformée en postulat. De manière à avoir une discussion plus large avec la position du service de l'enseignement et de spécialistes sur la question.

"Une partie de notre groupe est d'avis qu'un redoublement permettrait à l'élève d'acquérir les bases et la maturité nécessaire pour poursuivre sa formation. L'autre partie estime qu'une promotion automatique peut être envisagée si les élèves en difficulté bénéficient d'un soutien adéquat", a résumé le libéral radical Julien Dubuis.

La socialiste Valérie Chervaz note aussi qu'il ne faut pas confondre échec scolaire et redoublement. Ce dernier doit être présenté, non pas comme une punition, mais comme une chance offerte aux élèves, souligne-t-elle.

Sa collègue de parti, Christine Seipelt Weber réplique que la motion n'interdira pas le redoublement. Selon elle, les élèves - bons ou moins bons - profitent d'une certaine hétérogénéité des niveaux, alors que le redoublement tend à l'homogénéiser.

Accepté, le postulat a été transmis au Conseil d'Etat pour réponse.

Anouk Pernet/fgn avec ats

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Ecoles romandes plus sélectives

En Suisse, le taux de redoublement reste relativement bas au primaire, mais varie fortement selon les cantons. C'est à Neuchâtel que les élèves du primaire refont le plus souvent leur année, avec 2,6% de redoublants chez les 6-12 ans, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique. Viennent ensuite les cantons de Vaud et du Jura.

En outre, de manière générale, on redouble plus en Suisse romande qu'en Suisse alémanique ou au Tessin. Pour le Valaisan Philippe Theytaz, docteur en sciences de l'éducation, cela ne signifie pas que les élèves romands sont moins bons, mais que les écoles francophones sont plus sélectives.

Ce qui n'est pas justifié pour cet ancien enseignant. Il cite de récentes études qui montrent que le redoublement ne permet pas d'améliorer les résultats scolaires. Pire, selon lui, il aurait de fortes conséquences psychologiques sur les élèves.

"Ils sont généralement très affectés concernant la motivation et l'estime de soi qui sont des critères déterminants pour apprendre. Par la menace du redoublement, on veut motiver les élèves, mais en réalité on leur coupe les ailes", explique-t-il dans La Matinale. C'est pourquoi il a pris contact avec des députés au Grand Conseil valaisan qui ont donc porté cette motion pour supprimer le redoublement au primaire.

>> Ecouter le sujet dans La Matinale :

Une motion demande la suppression du redoublement dans les écoles en Valais. [RTS - Rouven Gueissaz]RTS - Rouven Gueissaz
Une motion demande la suppression du redoublement dans les écoles en Valais / La Matinale / 1 min. / le 7 juin 2022