La basilique de Valère à Sion retrouve son intérieur médiéval, la fin d'un "chantier d'une vie"
Au sommet de la colline, le bourg et l'église de Valère ont fière allure. Les échafaudages extérieurs et intérieurs ont presque tous été remisés après avoir permis la restauration, le dépoussiérage et la conservation de ce "patrimoine religieux, culturel et naturel exceptionnel d'importance nationale".
Le chantier a commencé avec la réhabilitation des toitures (1987-1991), des façades (1992-2014) et du choeur (2017-2020) de la basilique, puis s'est poursuivi avec les travaux dans la nef (2020-2022). L'essentiel de la restauration à l'intérieur de l'église a été porté sur les murs et les voûtes.
"C'est un soulagement d'arriver au bout, de voir le résultat", témoigne Stéphanie Galloni, restauratrice, mardi dans l'émission de la RTS Couleurs locales. "Mais en même temps, nous sommes un peu tristes de faire les dernières finitions et de mettre un point final à ce chantier."
Retrouver les premiers décors
Le résultat permet de rendre à l'église, classée "basilique mineure" par Jean-Paul II en octobre 1987, son unité architecturale et décorative. Pour y arriver, il a fallu "faire réapparaître les vestiges de la polychromie originelle du 13e siècle qui avait presque entièrement disparu à l'issue de la dernière restauration, faite il y a environ 150 ans", explique Christophe Amsler, architecte mandaté pour la restauration de Valère.
Et d'ajouter: "Ce décor était partiel, il y avait quelques manques. Dans ces endroits, pour avoir une image cohérente et homogène, nous avons restitué les fresques qui manquaient." Or ce décor originel, simple et sobre, est "très précieux", car il "donne les clés de lecture de l'architecture".
"La difficulté fut de faire réapparaître ce décor sans estomper les différents décors qui lui ont succédé." Pour Christophe Amsler, qui a consacré plus de trente ans à Valère, c'est "le chantier d'une vie" qui s'achève.
Un orgue de prestige
Entre autres sans chauffage, ni assistance acoustique, la basilique de Valère a quasiment échappé à l'époque industrielle. Une sous-dotation "peu courante" qu'il a été décidé de conserver ainsi pour sa valeur patrimoniale importante. Il a toutefois été décidé de compléter le mobilier liturgique du choeur pour mettre en valeur les stalles du 17e siècle derrière lesquelles on devine encore le décor médiéval.
"C'est ce qui donne au lieu sa touche de contemporanéité, explique Maria Portmann, conservatrice des monuments historique du Valais. C'est une manière de montrer que le lieu est vivant et continue à l'être."
Les fresques du choeur qui datent du début du 20e siècle ont également été conservées. L'orgue, datant de 1430, est l'orgue le plus vieux encore jouable au monde. "C'est l'élément phare de la ville. On l'a oublié depuis plus d'un siècle. (...) Il est vraiment très bien conservé", confirme Véronique Dubuis, organiste de Valère.
Environ 48 millions de francs
Pour garantir la sécurité des objets - qui ont connu des déprédations dans les années 2000 - le bâtiment ne sera accessible que sur rendez-vous. Au total, la restauration du bourg et de la basilique de Valère ont coûté environ 48 millions de francs. La Confédération prend à sa charge 25%, la commune de Sion 15%, le Chapitre de Sion 10% des frais liés à l'église. Le canton assume le reste.
"Ce monument historique, d'importance nationale, a vraiment une aura particulière, parce qu'il est situé sur un promontoire. On le voit de très loin. C'est donc un bâtiment emblématique pour le canton, pour Sion. C'est la raison pour laquelle il bénéficie d'une attention particulière. C'est actuellement le chantier-école du Valais."
vajo avec ats