La RTS a rencontré des étudiantes et étudiants qui fêtent l'obtention de leur maturité, après cinq années de collège, dont une moitié en conditions de pandémie. "Il n’y avait vraiment plus de motivation dans les classes", note une collégienne. "C’était dur de terminer cette année", souligne-t-elle.
"On a appris à vivre avec, à se débrouiller comme on pouvait et, maintenant, c’est fait", explique un jeune homme.
"Moi je ne me faisais pas de souci, mais ça fait plaisir", s’enthousiasme une autre collégienne. "J’ai juste de la peine pour les gens qui ne passent pas", tempère-t-elle.
Hausse des abandons
Le taux d'échec aux examens de maturité enregistré cette année est de 4,3% dans les quatre collèges valaisans, un chiffre plutôt élevé, mais comparable à celui de l'année dernière. Par contre, les abandons en cours d'année n'ont jamais été aussi nombreux, surtout en 4e année.
Au Lycée-Collège des Creusets, à Sion, 11,4% des élèves de 4e année ont abandonné. De plus, 11,8% terminent en échec. Autrement dit, dans ces classes, près d’un élève sur quatre a raté l’année, une situation inédite.
"On sent bien que la jeunesse est plus fragile", observe Christian Wicky, le recteur du Lycée-Collège des Creusets. "On n’a pas voulu réduire nos exigences fondamentales, parce que ce ne serait pas leur rendre service. Mais par contre, il y a eu une attention soutenue portée à des cas particuliers qui existaient peut-être moins par le passé", indique-t-il.
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Contexte difficile
Entre le port du masque, les cours à distance ou les quarantaines à répétition, la période de pandémie a fatigué de nombreux étudiants et étudiantes, et épuisé leurs capacités d’adaptation.
La psychothérapeute de la famille Sonia Baziz Boisset reçoit toujours plus de jeunes en décrochage scolaire dans son cabinet à Martigny. Pour certains, l'école est devenue un calvaire. Alors que les exigences et échéances n’ont pas été modifiées, certains se sont retrouvés "sidérés", explique-t-elle. "Certains s’attendaient peut-être à ce que l’on change notre manière de les aborder ou de les évaluer. Or, cela ne s’est pas produit, en tout cas pas dans l’école et les systèmes de formation."
Adaptation nécessaire
Le système scolaire, lui, tente de s’adapter à cette jeunesse démoralisée. "On ne peut pas faire que de l’instruction comme il y a 50 ans", indique Jean-Philippe Lonfat, chef du service de l’enseignement du canton du Valais. "On fait plutôt de l’éducation et on doit accompagner ces élèves en mettant des moyens dans l’encadrement. Je pense aux heures de médiation, aux heures de titulaires, de direction. On augmentera ainsi la qualité de la prise en charge et on pourra résoudre une partie de ces problèmes", détaille-t-il.
Ailleurs en Suisse romande, les examens battent leur plein. Les résultats permettront de mesurer l’ampleur de cette tendance dans les autres cantons.
Romain Boisset et Erwan Jagut/ami