Depuis le barrage du Vieux-Emosson, à 2225 mètres d’altitude, deux prises d’eau sous-marines reliées à des conduites descendent 500 mètres plus bas, au cœur de la montagne, dans la caverne de Nant de Drance. Là, six impressionnantes turbines produisent le courant.
"Quand il y a trop d'énergie sur le réseau, par exemple quand les énergies renouvelables produisent beaucoup, avec beaucoup de soleil ou beaucoup de vent, cette centrale permet de stocker cette énergie en pompant de l'eau depuis le lac inférieur d'Emosson vers le lac supérieur", a expliqué jeudi dans le 19h30 de la RTS le directeur général des travaux de Nant de Drance Eric Vuignier.
A l'inverse, "quand les consommateurs ont besoin d'énergie, on retire l'eau du lac supérieur en la passant à travers les turbines pour produire de l'énergie électrique et la restituer sur le réseau", poursuit le spécialiste.
L'équivalent du débit du Rhône à Genève
A sa puissance maximale, le système fournit 360 m3 d’eau par seconde, soit l'équivalent du débit du Rhône à Genève. Et, en quelques minutes, les turbines peuvent passer d’une puissance de 0 à 900 mégawatts.
"Nant de Drance n'est rien d'autre qu'une gigantesque batterie. Pour donner un ordre de grandeur, sa capacité correspond à celle de 400'000 batteries de voitures électriques de taille moyenne", traduit son directeur Alain Sauthier.
Assurer la stabilité du réseau
Cet immense accumulateur ne suffira néanmoins pas à satisfaire la forte demande hivernale. Au contraire des grands barrages traditionnels, dont le lac de retenue se remplit tout au long de l'été, et dont l'eau commence à être turbinée dans le courant de l'automne, Nant de Drance ne travaille pas sur un cycle saisonnier.
"Nous n'avons pas la possibilité de stocker de l'énergie pour l'hiver prochain. Nous travaillons sur un cycle journalier, en jouant sur les besoins en électricité sur la journée ou sur la semaine", précise Alain Sauthier.
Centrale à la pointe de la technologie, Nant de Drance est avant tout un atout pour assurer la stabilité du réseau électrique et mieux répondre aux pics de consommation.
Sujet radio: Anne-Cathia Marchon
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Le nouveau destin du barrage du Vieux-Emosson
La région d'Emosson compte trois barrages. Le premier, celui de Barberine, a été construit entre 1921 et 1925 par les CFF au moment de l'électrification d'une grande partie du réseau ferroviaire. Il est situé un peu en amont de l'actuel grand barrage d'Emosson, enfoncé plus profondément dans la vallée.
En 1972, la construction de l'actuel barrage d'Emosson (le cinquième plus haut de Suisse, avec 180 mètres de haut), plus en aval, a noyé le barrage de Barberine sous les eaux du nouveau lac de retenue. Il encore possible de le voir lorsque le niveau du lac est très bas, en général au début du printemps. Les eaux du lac d'Emosson sont turbinées à Martigny, dans la centrale de la Bâtiaz, quelque 1460 mètres plus bas.
Le Vieux-Emosson, indépendant à l'origine
Le barrage du Vieux-Emosson, lui, a été construit entre-temps, à nouveau par les CFF, dans une vallée différente, située plus à l'ouest. Il a été achevé en 1955 et son lac de retenue surplombe celui d'Emosson de plus de 300 mètres. A l'origine, il était indépendant et produisait son propre courant grâce à des centrales situées au Châtelard, pour la première, et à Vernayaz pour la seconde.
C'est en 2010 que le Vieux-Emosson est intégré dans un projet plus ambitieux, celui du Nant de Drance, qui veut tirer parti de la proximité des deux lacs de retenue, situés à des hauteurs différentes.
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