En Valais, le Mont Collon s’élève à 3636 mètres. Ce sommet est en partie recouvert de glace. Il domine le fond de la vallée près d’Arolla. Une partie du glacier est comme suspendue au-dessus du vide. En contrebas, de nombreux touristes aiment venir se promener en été.
Ces randonneurs ne le savent pas, mais la calotte glacière du Mont Collon se réchauffe. Des fissures et des séracs sont visibles à la jumelle. Une chute importante de séracs, voire d’une partie du glacier, est possible. Un scénario qui n’est pas sans rappeler le drame du glacier de la Marmolada en Italie où 11 personnes ont perdu la vie.
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Heureusement, les chemins de randonnée évitent la zone à risque. De plus, des panneaux signalent le danger. Il est fortement déconseillé de sortir des chemins balisés. Il ne faut surtout pas s’approcher de la grotte de glace du bas glacier d’Arolla, un itinéraire non marqué, mais fréquemment emprunté par des touristes.
Risque d'avalanche de glace
"Pour l’instant, la calotte glaciaire du Mont Collon reste stable. Tout pourrait changer en quelques jours. On surveille de très près le débit du ruisseau qui sort du glacier. En cas d’augmentation, cela pourrait signifier qu’une poche d’eau s’est formée sous la glace. Ceci pourrait entraîner un éboulement sous forme d’avalanche de glace", analyse le géologue cantonal valaisan, Raphaël Mayoraz.
En Valais, 80 glaciers sont sous surveillance, dont 7 sont particulièrement à risque. Début juillet, il était par exemple déconseillé de faire l’ascension du Weissmies, un 4000m. Une éventuelle avalanche de glace aurait même pu toucher le village de Saas Grund.
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Surveillance humaine et technique
Ces situations délicates inquiètent les experts et les autorités. En Valais, le service des dangers naturels, dirigé par le géologue cantonal, est en appui aux communes pour la gestion de ce type de risques. Il peut compter sur l’aide d’un réseau d'observateurs: 80 personnes responsables de surveiller une partie du territoire.
Il existe également des moyens techniques comme les radars interférométriques qui permettent de détecter la déformation des parois rocheuses et des glaciers. Ces appareils fournissent des données en continu, indépendamment des heures de la journée ou du mauvais temps, et peuvent également déclencher des alarmes. Ces dispositifs ont un coût, près de 400 francs la journée.
Avec les grosses chaleurs, la fonte est intense et l'infiltration d'eau dans le glacier très importante. Cela peut entraîner une perte de l'attache directe de la glace à la roche et c’est tout le glacier qui peut être fragilisé
Au Mont Collon, la surveillance continue. Quotidiennement, un observateur analyse à la jumelle le glacier. De son côté, le géologue cantonal a fait plusieurs repérages en hélicoptère et sur le terrain ces dernières semaines.
"C’est compliqué de déterminer la situation sous la glace. Avec les grosses chaleurs, la fonte est intense et l'infiltration d'eau dans le glacier très importante. Cela peut entraîner une perte de l'attache directe de la glace à la roche et c’est tout le glacier qui peut être fragilisé". Pour l’instant, le géologue cantonal se veut rassurant. La situation est stable au Mont Collon. Toutefois chaque jour de canicule supplémentaire augmente le risque.
François Ruchti