Pour que des producteurs de cinéma filment ses montagnes, ses vallées ou ses villages, le Valais est prêt à payer jusqu'à 100'000 francs par projet.
La Valais Film Commission dispose d'un budget de près d’1,9 million sur quatre ans, financé par l'Etat du Valais pour deux tiers et par la Confédération pour le reste.
De nombreuses retombées
L’investissement n’est pas à fonds perdu, assure vendredi dans La Matinale Tristan Albrecht, le responsable de la Valais Film Commission. "On peut déjà estimer qu'il y a un rapport de 1 à 3 entre ce qui est donné à la production et les retombées économiques directes en termes d'hébergement, restauration, location de matériel dans une région donnée", explique-t-il, étude à l'appui. "Et ensuite, il y a les retombées indirectes à la sortie du film en termes d'image."
Cet argument revient d'ailleurs dans la bouche de toutes les collectivités publiques qui financent des productions. Un touriste sur cinq se rend par exemple encore aujourd'hui en Nouvelle-Zélande grâce au "Seigneur des anneaux".
Et les Bollywoods tournés en Suisse ont longtemps profité à notre pays. "Il y a un lien évident entre le cinéma et le nombre de touristes indiens", indiquait ainsi Suisse Tourisme dans la presse en 2012.
Incitation financière
Des productions étrangères ont déjà été tournées en Valais. En 1964, pour ne citer que cet exemple, dans "Goldfinger", James Bond traquait l'assassin de l'une de ses amantes dans les virages escarpés du col de la Furka.
Mais pourquoi, aujourd'hui, se mettre à payer les cinéastes? "Dans les années 2000, on avait beaucoup d'Indiens qui venaient tourner en Valais. Mais ils se sont détournés de notre canton pour le Tyrol qui, lui, proposait cette incitation financière", répond Tristan Albrecht. "Maintenant, avec cette incitation, on va pouvoir faire revenir des productions en Valais."
Dans ce domaine, la concurrence est très féroce, note le responsable de la Valais Film Commission. "Beaucoup de pays ont mis en place des systèmes incitatifs. Mais nous, en Suisse, on a l'avantage d'avoir un système qui fonctionne bien mais aussi une stabilité politique, économique et culturelle qui va nous permettre d'entrer dans la concurrence en pleine confiance."
Plusieurs avantages
Actuellement, le long-métrage pour le cinéma "Laissez-moi" est tourné en Valais. L'équipe de cette coproduction suisse, française et belge restera 32 jours dans le canton qui lui a versé 100'000 francs pour ce faire.
Mais pour le réalisateur Maxime Rappaz, cette incitation n'est pas l'essentiel. "Je ne dirais pas que j'ai choisi ce décor pour cette raison-là, mais c'est sûr que cela offre des avantages. On a eu des facilités pour des repérages, pour des mises en relation avec des locaux", explique-t-il au micro de La Matinale, assurant qu'il reste totalement libre sur son choix des paysages ou des lieux à filmer.
S'il n'impose effectivement rien, le Valais offre par contre beaucoup plus que ses concurrents suisses, puisqu'il est le seul à verser de l'argent. Cette nouvelle donne devra peut-être pousser des cantons à en faire plus.
C'est en tout cas ce que demande le producteur et membre fondateur du Film Location Riviera Xavier Grin. Sans moyens supplémentaires, sa structure active à Montreux et Vevey est condamnée à rester petite: "A défaut de financement au début, l'idée était de proposer des services et d'être en relation entre les autorités, les communes et les professionnels dans une région. On est une petite structure et donc on n'a pas des moyens incitatifs pour aller chercher ou faire de la publicité dans les grands festivals."
Romain Carrupt/fgn