Jean-Blaise Gollut a décidé d'arracher deux hectares de son vignoble à Saillon, pour le remplacer par des plants de chèvrefeuille. "C'était toute une réflexion sur ce qu'on pouvait mettre d'autre que la vigne. Parce qu'on voit que le secteur viticole est assez régulièrement en difficulté", explique-t-il mardi dans le 19h30.
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Encore fallait-il trouver la bonne alternative. Vendues en jus ou en poudre, les baies du chèvrefeuille, appelées camérises, ont un potentiel commercial. Elles sont également robustes.
"Le type de plantes possible est assez limité. La camérise a surtout été choisie pour son aspect extrêmement rustique. Elle tient -30 (degrés, ndlr) l'hiver et -10 quand elle est en fleurs", détaille Jean-Blaise Gollut.
Marché de niche
La station de recherche fédérale Agrosope est l'une des actrices de la diversification des cultures. L'institution étudie les performances des plantes et leur adaptation au climat. Les caractéristiques du chèvrefeuille, mais aussi du houblon, sont scrutées de près. Selon Bastien Christ, le responsable de la recherche sur les plantes médicinales et les baies, ces végétaux ne rivaliseront toutefois pas avec la vigne en Valais.
"Cela va toujours rester une culture de niche", souligne-t-il. "Mais cela peut être une alternative ou un complément intéressant pour quelques brasseurs, viticulteurs ou d'autres agriculteurs valaisans", complète le biologiste.
Changement de cap
Il y a trois ans, Gaël Roten, viticulteur à Savièse, a pour sa part arraché des vignes de pinot pour créer une houblonnière.
"Au début, on m'a fait pas mal de reproches, parce que c'était un sacrilège d'arracher une vigne à Savièse pour planter du houblon", raconte-t-il, un sourire aux lèvres. "Avec la situation actuelle dans le vignoble, pas mal de gens m'ont proposé spontanément leur parcelle pour planter du houblon", poursuit-il. "Il faut croire que les mentalités changent aussi", conclut le cultivateur.
Son objectif est de produire une bière 100% locale. Pour l'heure, il s'agit plus d'un défi que d'un vrai revenu. Mais à terme, ce type de cultures pourraient bien donner un nouveau visage aux terres viticoles de la vallée du Rhône.
Claudine Gaillard Torrent/ami