Le Valais est le canton qui offre les plus hautes allocations de formation. Il est aussi celui qui octroie les plus grosses allocations de naissance, parmi les neuf cantons qui en versent.
Les familles profitent aussi d’un coût de la vie bas et de la manière dont est construite la politique fiscale. Selon une étude de Crédit Suisse, les couples mariés valaisans avec deux enfants sont ceux qui ont le plus d'argent à disposition, une fois les charges fixes payées, qu'ils fassent ou non garder leurs enfants.
Carole Furrer, présidente des Syndicats chrétiens, qui ont lancé l'initiative populaire pour plus d'allocations, relativise toutefois cette étude dans La Matinale de la RTS.
"Quatre enfants valaisans sur cinq vivent dans des familles à bas et moyen revenus. Les familles qui sont dans la précarité ont aujourd'hui des aides. Les familles qui sont dans la classe moyenne, notamment dans la classe moyenne inférieure, elles, n'ont jamais le droit à rien."
Familles nombreuses encouragées
Le Valais fait partie des cinq cantons qui "récompensent" les familles nombreuses, vu qu'il verse une allocation familiale plus grande à partir du troisième enfant. Ce supplément ne se limite pas qu'à quelques francs comme dans les cantons de Vaud, Fribourg et Neuchâtel, mais correspond à cent francs supplémentaires chaque mois. Seul Genève est aussi généreux.
Les parents peuvent aussi déduire de leur déclaration d'impôts jusqu'à 12'600 francs pour un enfant, avec là aussi un privilège à partir du troisième bambin. En outre, un rabais de 300 francs par enfant est encore accordé sur leur facture d'impôts.
Si, comme partout, les concubins s'en sortent mieux fiscalement, le Valais essaie quand même de soutenir financièrement les couples mariés. Il permet de déduire 6000 francs de la déclaration d'impôts, et offre un rabais sur la facture allant jusqu'à près de 4700 francs.
Salaire médian peu élevé
Comment expliquer cette politique valaisanne favorable aux familles? Dans la brochure de votation sur les allocations familiales, le Conseil d'Etat donne un début d'explication. Il justifie la nécessité d'allocations élevées par le fait que le salaire médian valaisan est le deuxième plus bas de Suisse, après le Tessin. "Il est donc important de compléter les revenus des familles", écrit le gouvernement.
Cette politique généreuse peut surprendre dans un canton avec un Grand conseil à écrasante majorité de droite. Pour Vincent Riesen, directeur de la Chambre valaisanne de commerce, cela s'explique par le fait que "la ligne de fracture n'est pas tellement entre gauche et droite, mais plutôt entre une certaine vision socialiste du progressisme et les forces conservatrices qui sont très attachées aux valeurs familliales."
Valeurs conservatrices
La politique fiscale est donc teintée par les valeurs conservatrices. Un exemple parlant concerne la déduction pour frais de garde, qui n'encourage pas les deux parents à travailler dans le canton. Elle n'est en effet que de 3000 francs par année, une somme souvent insuffisante pour couvrir les frais réels. En outre, ces 3000 francs peuvent être déduits même quand l'enfant est gardé par l'un de ses parents.
Cette pratique est une particularité valaisanne, selon un rapport commandé par l'Office cantonal de l'égalité et de la famille. Un exemple qui vient rappeler que le montant d'impôts que l'on paie dépend de choix politiques, forcément influencés par les élus qui composent les Parlements.
Romain Carrupt/asch
Une augmentation des allocations combattue en référendum
Le Valais vote le 27 novembre sur ses allocations familiales, parce que le PLR, l’UDC du Haut-Valais et l’Union des indépendants combattent par référendum les augmentations de 30 francs pour les allocations familiales et de 20 francs pour les allocations de formation votées par le Grand Conseil.
Le Parlement valaisan répondait ainsi à une initiative populaire des Syndicats chrétiens qui demandait 40 francs supplémentaires d’allocations familiales et 20 francs d’allocations de formation.