"Le constat est simple: la Suisse, les Alpes et le Valais se réchauffent deux fois plus vite que le reste du monde. L'augmentation de la température moyenne depuis 1864 y est de 2 degrés contre environ un degré au niveau planétaire", a rappelé devant la presse réunie à Sion Gérald Dayer, président de la direction stratégique en charge de la mise en oeuvre de l'Agenda 2030, par ailleurs chef du service valaisan de l'agriculture.
Les exemples illustrant ce réchauffement sont légion: les pics de températures à plus de 30 degrés, le recul des glaciers, les vagues de chaleur plus longues et plus intenses, les sécheresses et les feux de forêt en hausse, les précipitations plus intenses et fréquentes ou encore les hivers plus doux et peu enneigés qui affolent les stations. Si rien n'est entrepris, la température moyenne pourrait augmenter de 2 à 5 degrés supplémentaires selon les saisons d'ici 2060 par rapport à la période 1981-2010.
Le canton a donc "pris ses responsabilités" et élaboré un projet de loi qu'il a transmis jeudi au Grand Conseil. Ce dernier devrait en débattre en mars et en automne 2023. "Une entrée en vigueur de la loi est espérée en 2024", a précisé Roberto Schmidt, chef du département des finances et de l'énergie.
Objectifs plus ambitieux que le projet initial
Mis en consultation, l'avant-projet de loi a entraîné 50 prises de position de groupes d'intérêts dont des communes, des associations et des partis politiques. "C'est un bon résultat, en général nous en récoltons une trentaine, voire moins selon les textes de loi", a indiqué Roberto Schmidt, qui souligne que même des privés (9) ont exprimé leur opinion de manière individuelle.
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Concernant les objectifs climatiques cantonaux, 34% des répondants ont estimé qu'ils "ne sont pas suffisamment ambitieux". Un avis exprimé notamment "par les partis politiques de gauche, mais aussi par des partis de droite", a précisé le conseiller d'Etat.
Le projet de loi prévoit donc désormais notamment que le canton réduise ses émissions directes de gaz à effet de serre de 60% d'ici 2030 pour atteindre le zéro émission directe nette en 2040, soit dix ans plus tôt que ce que prévoyait l'avant-projet de loi dont les objectifs étaient calqués sur ceux de la Confédération. Quant à ceux qui estiment que les objectifs climatiques cantonaux sont "trop ambitieux", ils sont 11%, dont l'UDC.
Au niveau de l'administration cantonale, les objectifs après consultation sont aussi plus ambitieux, avec notamment un zéro émission directe nette espéré pour 2035 plutôt que 2040. "Nous avons tout en main pour agir plus vite; c'est aussi une question d'exemplarité", a estimé Roberto Schmidt.
ats/oang
Quelque 80 mesures phares
L'un des objectifs majeurs de la nouvelle loi est d'élaborer un plan climat cantonal qui définit les principes, les stratégies, les mesures, le calendrier ainsi que les moyens financiers permettant d'atteindre les buts climatiques. Le projet de ce plan comporte 80 mesures phares environ dans sept domaines d'action dont l'aménagement du territoire et mobilité, la gestion de l'eau, les bâtiments et constructions ainsi que l'industrie, énergie et tourisme.
"Nous avons déjà 260 mesures dont toute une série ne dispose pas pour l'heure de base légale", a précisé Roberto Schmidt, d'où l'importance d'une nouvelle législation. Le plan climat sera décidé par le Conseil d'Etat et présenté au Grand Conseil une fois le projet de loi sur le climat adopté.
Deuxième après Fribourg
Pour atteindre les objectifs climatiques, les investissements supplémentaires sont estimés à quelque 70 millions de francs par an. "Les coûts de l'inaction sont dix fois plus élevés", a prévenu Roberto Schmidt.
Le budget ordinaire de l'Etat (sans introduction de nouvelles taxes ou impôts), pourvoira aux dépenses. En ce qui concerne les projets de grande envergure, le grand argentier propose de créer une réserve climatique avec une dotation initiale de 150 millions de francs prélevés sur la fortune de l'Etat.
Le Valais est, selon lui, le deuxième canton à plancher sur une loi sur le climat après Fribourg.