Selon son ami Simon Epiney, ancien conseiller national et président de la commune d'Anniviers (VS), Bernard Crettaz est décédé lundi en Autriche. L'écrivain était très fragile sur le plan cardiaque, il avait subi plusieurs pontages, a précisé Simon Epiney à Keystone-ATS.
Né en 1938 à Vissoie (VS), Bernard Crettaz a longtemps fait du Valais son terrain de jeu en s'intéressant à son Val d'Anniviers natal et à la race d'Hérens, qui ont donné lieu à de nombreuses publications. L'Anniviard a également été conservateur du département Europe au Musée d'ethnographie de Genève (MEG), jusqu'en 2000 au moment de sa retraite, et chargé de cours au département de sociologie de l'Université de Genève, jusqu'en 2003.
Fervent défenseur de l'adhésion de la Suisse à l'Espace économique européen en 1992, le Valaisan avait déclaré à l'époque dans la Tribune de Genève: "La Suisse doit casser son image conservatrice en ouvrant les frontières. Sinon, elle se transformera en un vaste musée, un Disneyland des alpages."
La mort comme champ d'études
La question de la mort a aussi longtemps jalonné le parcours de Bernard Crettaz. En 1982, il est mandaté avec sa compagne Yvonne Preiswerk, elle-même sociologue, par les Pompes funèbres générales pour réfléchir à la question des rites et coutumes qui accompagnent la mort dans la société.
Par la suite, Bernard Crettaz va organiser les fameux "Cafés mortels", réunissant la population au bistrot pour parler de cette thématique. En six ans, plus de 3000 personnes ont participé à une quarantaine d'événements pour s'exprimer à bâtons rompus sur la thématique.
"Je resterai pour toujours Monsieur Mort en Suisse romande", disait-il dans l'une de ses dernières interviews.
Plusieurs projets en cours
Malgré une santé fragile, Bernard Crettaz travaillait "comme avant" et avait deux projets de livres en cours, a indiqué Simon Epiney. Il se penchait notamment sur le "curé Francey", un prêtre qui a été curé de Vissoie durant près de 50 ans, a expliqué l'ancien conseiller national PDC. Pour lui, le Valais perd un "très grand chantre d'Anniviers".
Bernard Crettaz travaillait également sur une nouvelle édition de son livre "Cafés mortels" prévue pour le mois d'avril. Il était "très enthousiaste", a expliqué son éditeur, Labor et Fides, à Genève. Ce dernier l'a rencontré encore la semaine passée.
Sa bibliographie est riche d'une quinzaine d'ouvrages, comme "Les Anniviards, barbares et civilisés" (2009) ou "La beauté du reste. Confession d'un conservateur de musée sur la perfection et l'enfermement de la Suisse et des Alpes" (1993).
jfe avec l'ats