Pour rappel, la Rega et son partenaire local Héli-Alps contestent l'attribution du marché du sauvetage héliporté en Valais. Ils ont fait recours contre la décision de l'Organisation cantonale valaisanne des secours (OCVS) auprès du Conseil d'Etat valaisan.
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La Rega a sorti les gros moyens: son recours – qu’elle garde secret mais que la RTS s’est procuré – contient plus de 90 pages. Les avocats de l'organisation tirent tous azimuts contre Air-Glaciers et Air Zermatt. A grand renfort de normes techniques, ils reprochent aux hélicoptères valaisans d'être trop petits, de voler moins vite et moins haut, ainsi qu'une performance réduite de nuit et par brouillard.
La Rega met aussi en avant son assise financière, indispensable pour s'engager dans le sauvetage aérien, tout en rappelant qu'Air-Glaciers a été plusieurs fois à la limite de la faillite.
La fondation zurichoise brandit également une lettre de la société médicale du Valais, pour appuyer son argumentaire. Problème: le courrier est sorti de son contexte, affirme son auteure à la RTS.
Acteurs locaux favorisés?
Par ailleurs, la Rega dénonce un Valais politique qui roule pour ses acteurs locaux. Un canton où les besoins de l'appel d'offre se baseraient sur la situation préexistante jugée satisfaisante, plutôt que sur ce qu'il serait possible de faire mieux. Du protectionnisme, selon la Rega, au détriment de l'intérêt des patients.
D'après la compagnie, cette situation s'expliquerait en partie par la présence de représentants d'Air-Glaciers et d'Air Zermatt à l'OCVS. Les deux personnes en question ne se sont pas récusées dans les premières séances consacrées à l'évaluation des besoins, comme le montrent cinq PV consultés par la RTS.
L'OCVS répond qu'elle a tout fait de manière équitable. Elle reproche à la Rega de vouloir "introduire le trouble au sein de la population" alors que les secours héliportés valaisans "servent les intérêts des patients dans les meilleures conditions possibles".
Lois respectées
Les compagnies Air Zermatt et Air-Glaciers, quant à elles, admettent que tous leurs appareils ne sont pas autant à la pointe que la Rega. Mais elles assurent que leurs hélicoptères respectent malgré tout les lois.
Dans de très rares cas, les compagnies valaisannes reconnaissent devoir faire appel à la Rega. Cela ne justifie toutefois pas d'intégrer la fondation zurichoise au marché valaisan du sauvetage.
Le Conseil d'Etat aura en tout cas fort à faire pour trancher le recours, en sachant déjà pertinemment que sa décision sera portée en justice.
Romain Carrupt/gma
Une bataille de communication
Derrière le combat juridique lancé par la Rega se cache aussi une bataille de communication. Dans l'univers du secours aérien, l'image est primordiale. Dans cette guerre de l'image, la compagnie zurichoise se présente aux donateurs comme le grand frère, mieux équipée.
Elle se présente surtout comme la fondation, sans activité commerciale, qui veut simplement mettre ses atouts au service de ses 50'000 donateurs valaisans. Actuellement, ces personnes paient une cotisation de 40 francs par année, sans pouvoir être secourues par la Rega. Un accord passé avec les compagnies valaisannes permet toutefois aux donateurs Rega d’être pris en charge par Air-Glaciers ou Air Zermatt aux mêmes conditions.
En face, Air-Glaciers et Air Zermatt jouent la carte de la proximité et des petites entreprises familiales, au savoir-faire ancestral. Les deux entreprises se présentent aussi comme David, qui résistent depuis toujours face au Goliath zurichois, riche et prétentieux.