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L'argent public, une manne indispensable à la survie du ski en Valais

Remontées mécaniques : les collectivités publiques sont les principaux actionnaires.
Remontées mécaniques : les collectivités publiques sont les principaux actionnaires. / 12h45 / 2 min. / le 17 février 2023
Les communes sont devenues les principaux investisseurs de nombreuses stations de ski face au manque de neige et au renouvellement d'installations. En Valais, elles possèdent en moyenne 30% des remontées mécaniques, selon une enquête de la RTS.

Evolène et les Marécottes sauvés de justesse, Torgon bientôt en faillite, Crans-Montana à la recherche d'un repreneur... Ces derniers mois, les difficultés s'enchaînent pour les remontées mécaniques valaisannes.

Parfois après de vifs débats, les communes passent à la caisse. Dans des régions où les téléskis assurent le rôle de poumon économique, leur survie passe avant le principe de l'économie libérale.

En Valais, les communes et bourgeoisies possèdent en moyenne 30% des actions des remontées mécaniques, dévoilent des données collectées par la RTS. La part varie beaucoup d'une station à l'autre.

La palme revient au domaine des Marécottes. Les installations y sont détenues à 89% par des entités publiques, dont 87% en mains de la commune de Salvan.

Le spectre de Crans-Montana

Seules quatre sociétés de remontées mécaniques sur 18 affichent un actionnariat majoritairement public. C'est le cas d'Anzère, où s'est rendu le 12h45 de la RTS. "Télé Anzère avait beaucoup de peine dans les années 2015 à 2018 et la commune d'Ayent a dû investir et assainir ces remontées mécaniques. Aujourd'hui, elles sont bénéficiaires", raconte le président de la société, Sébastien Travelletti.

Ce regain de forme aiguise l'appétit d'investisseurs privés et Ayent pourrait perdre son statut d'actionnaire majoritaire. Mais pas question pour elle de lâcher ses remontées mécaniques à un milliardaire, comme l'a fait Crans-Montana.

"En voyant ce qui se passe là-bas, je pense qu'on est absolument convaincu, avec la population d'Ayent, que le partenariat public-privé est une bonne formule, par rapport à un actionnaire majoritaire privé, dont les décisions impactent fortement le tissu économique et la situation d'une commune", assure le président d'Ayent, Christophe Beney.

Jusqu'à 500'000 francs de subvention par an

Les communes n'ont toutefois pas besoin de posséder la majorité absolue des actions pour peser dans les décisions. Détenir 20 ou 30% peut suffire.

La raison? Les remontées mécaniques ont souvent une multitude de petits actionnaires privés, et ceux-ci participent rarement aux assemblées générales.

Même à Vichères, où la commune de Liddes n'a pas souhaité devenir actionnaire, celle-ci n'est jamais très loin. Elle est représentée au conseil d'administration de la société et la soutient notamment via des aides financières annuelles et ponctuelles.

Ces subventions, délivrées par quelques communes, grimpent jusqu'à 500'000 francs par an pour Télé Evolène (voir le détail dans le tableau en fin d'article).

"Les petites stations en dessous d'un certain niveau de fréquentation sont en dehors des clous au niveau des équilibres économiques et elles ont besoin de soutien public, c'est incontestable", analyse Laurent Vanat, consultant spécialiste des stations de ski, interrogé dans l'émission Forum.

>> Voir son interview :

Interview de Laurent Vanat, consultant spécialiste des stations de ski.
Enquête sur le soutien public aux remontées mécaniques: interview de Laurent Vanat / Forum / 5 min. / le 17 février 2023

Nendaz-Veysonnaz, le domaine le plus privé

A l'opposé, les remontées mécaniques de Nendaz-Veysonnaz tournent pratiquement sans aide publique. Son directeur n'y voit toutefois pas d'inégalité de traitement.

"La plupart des sociétés qui reçoivent du subventionnement public de manière annuelle, c'est tout simplement parce qu'elles n'arrivent pas à boucler leur budget annuel et dégager une rentabilité suffisante. Chez nous, ce n'est vraiment pas le cas", affirme François Fournier. "Et justement, on aime bien travailler avec une vision d'entrepreneuriat, d'économie privée, dans le but de dégager une marge et de pouvoir réinvestir, donc ce n'est vraiment pas le même modèle."

Aides cantonales et fédérales

Si Nendaz-Veysonnaz se passe des communes, la société a tout de même été soutenue par le canton et la Confédération suite au Covid-19. Les domaines skiables valaisans ont reçu l'an passé une aide de 50 millions de francs très discutée.

De manière plus générale, le Valais soutient, via des prêts, un tiers des investissements des remontées mécaniques. Et des projets exceptionnels bénéficient aussi de subventions cantonales.

Valentin Tombez et Romain Carrupt

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Pas une spécificité valaisanne

Dans les cantons de Vaud et Fribourg, les remontées mécaniques sont aussi en partie financées par des entités publiques.

Le domaine de Villars-Gryon-Les Diablerets est par exemple détenu à 30% par des fonds publics. Celui de Leysin à hauteur de 15%.

A Fribourg, les collectivités publiques financent 74% des nouveaux investissements, dont une bonne partie à fond perdu.