Avec cette campagne prévue sur quatre ans, il s'agit de provoquer une prise de conscience chez les auteurs de harcèlement, a indique mardi le conseiller d'Etat Mathias Reynard devant la presse. Ce type de comportement n'est ni normal, ni banal et il existe aussi en Valais, a-t-il poursuivi.
La campagne cantonale, lancée à la veille de la journée internationale des droits des femmes, s'appuie sur des visuels "directs, neutres et non anxiogènes", a détaillé Alexandra Moulin, de l'Office cantonal de l'égalité et de la famille. Des messages comme "Non, je ne me sens pas flattée quand on siffle sur mon passage" ou encore "J'évite ce bar, les regards sont lourds" seront diffusés en ligne et affichés dans l'espace urbain, les transports publics, et les grands événements festifs.
Le site internet lourdingue.ch donne aussi des ressources pour répondre aux questions d'un lourdingue, d'une victime et d'un témoin d'un cas de harcèlement, afin de les aider à respectivement, changer, réagir et aider. "Nous espérons que cette campagne suscite un déclic chez certaines personnes, les pousse à faire le quiz et à se rendre compte que leur comportement est problématique", a ajouté Alexandra Moulin.
Au total, 40'000 francs sont prévus pour cette campagne pour 2023, un montant que le canton espère pérenniser les années suivantes.
Un problème de santé et de sécurité
On parle de harcèlement dans l'espace public pour tout comportement à connotation sexuelle lié au sexe, au genre ou à l'orientation sexuelle, non désiré par la personne visée qui se déroule dans la rue mais aussi dans des bars ou lors d'événements festifs (carnavals, fêtes populaires...). Il peut s'agir de regards ou de remarques déplacés, de sifflements, d'attitudes intrusives, d'insultes, de menaces, ou encore d'attouchements, d'exhibitionnisme ou attaques à l’intégrité physique et/ou sexuelle.
Autant de comportements qui rendent les lieux publics inhospitaliers et peu sécurisants pour les personnes qui en sont la cible. Si l'ampleur de ce phénomène n'est pas chiffrée en Valais, diverses études et enquêtes menées en Suisse, à Lausanne ou Fribourg ces dernières années montrent que les trois quarts de femmes ont été victimes de harcèlement sexiste dans l'espace public. Les auteurs sont en grande majorité des hommes.
Le harcèlement est une forme d'abus de pouvoir qui reproduit les inégalités de genre, analyse Alexandra Moulin, précisant que cette campagne s'ajoute à celles que l'office mène en parallèle pour lutter contre le harcèlement en entreprises et les inégalités. C'est à la fois "une problématique de sécurité et de santé publique", complète Mathias Reynard.
Une charte préventive
Sur le terrain, l'association valaisanne contre le harcèlement (AVAH), fondée en 2021, soutenue par le canton et associée à la présente campagne, s'est rapidement rendue compte que le harcèlement en milieu festif était une réalité, raconte sa présidente Valentine Loye. Et que les organisateurs eux-mêmes cherchaient des solutions.
L'association a donc créé la Charte AVAH, un "outil de prévention et de sensibilisation" mis à disposition des responsables d’établissements et d'événements "afin d’assurer un climat sain, bienveillant et respectueux de toutes et tous dans le milieu festif valaisan". La charte compte aujourd'hui 19 signataires. Parmi eux, par exemple, Le Port Franc et le Carnaval de Monthey.
Actuellement, le harcèlement dans l'espace public n'est pas répréhensible en Suisse, à l'inverse d'autres pays qui ont une norme pénale contre ce type de comportement. Ces dernières années, plusieurs villes et cantons ont toutefois développé des procédures pour visibiliser et lutter contre cette problématique.
ats/iar