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Le Valais veut mieux lutter contre le radon, un gaz naturel méconnu

Comment mieux se protéger contre le radon, ce gaz mortel méconnu en Suisse ? (vidéo)
Comment mieux se protéger contre le radon, ce gaz mortel méconnu en Suisse ? (vidéo) / La Matinale / 4 min. / le 12 avril 2023
L'exposition au radon - un gaz naturel - constitue la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme, selon l'Office fédéral de la santé publique. Le Conseil fédéral a mis en place deux plans d'action successifs, auxquels les cantons sont étroitement associés. Le Valais est le premier canton à mettre en consultation un projet de loi.

D'où vient le radon?

Le radon, qui n'a pas de couleur ni d'odeur, est présent dans des roches comme le granite. En Suisse romande, le Valais, Neuchâtel et le Jura sont particulièrement concernés.

Il y a danger uniquement à l'intérieur des bâtiments. Quand le sol est mal isolé ou qu'il y a des fissures dans les murs, le gaz du radon peut pénétrer en toute discrétion à l'intérieur et rester dans l'air.

Comment peut-on le détecter?

Le site de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) permet de simuler le risque, en entrant l'adresse du logement et en répondant à quelques questions sur le bâtiment. Mais pour être totalement rassuré, il est possible de détecter sa présence à l'aide d'un appareil de mesure.

"Cet appareil fait deux à trois centimètres de diamètre", décrit Julien Michelet, consultant radon au bureau impact SA à Sion, mercredi dans La Matinale de la RTS. "On va l'installer pendant un an dans une pièce où les occupants y vivent plus de quinze heures par semaine, à la hauteur des voies respiratoires."

En Valais, par exemple, le laboratoire cantonal fournit ces appareils qui coûtent 50 francs.

Y a-t-il beaucoup de mesures?

Le canton du Valais ne fournit chaque année qu'entre vingt et trente dosimètres. Les trois spécialistes valaisans, contactés par la RTS, expliquent également très peu intervenir.

Il faut dire que la problématique du radon est encore peu connue: seul un Suisse sur deux connaît ce gaz.

Il s'agit de l'une des raisons pour lesquelles le canton du Valais veut créer une loi. Il faut mieux informer les acheteurs d'immeubles, défend Mathias Reynard, le conseiller d'Etat valaisan en charge de la Santé.

"Quand il y a, par exemple, une transaction immobilière, le notaire va être impliqué", dit-il. "Il devra contrôler si l'immeuble dans la commune concernée est une zone à risque, vérifier si une mesure du radon a été effectuée. Si oui, elle doit être transmise et communiquée dans l'acte pour le notaire. On doit avoir cette transparence pour l'acheteur."

Un assainissement sera-t-il exigé?

Dans l'immédiat, le projet de loi ne l'imposera pas en Valais. En pratique, cela dépendra donc du bon vouloir des propriétaires concernés. Car les travaux sont aux frais du propriétaire.

D'après un consultant radon, contacté par la RTS et qui veut rester anonyme, des gens savent qu'ils ont du radon, mais ils renoncent à intervenir à cause des coûts souvent importants.

Y aura-t-il une obligation d'assainir?

Oui, pour les écoles notamment. Elles doivent remplir les exigences de la Confédération, qui impose aux cantons d'assainir les établissements scolaires touchés par le radon.

En Valais, en 2021, un risque a été identifié dans trois bâtiments gérés par le canton.

Depuis, le problème a été réglé sauf à l'Ecole professionnelle de Martigny: le radon y est encore présent dans des locaux secondaires pratiquement inutilisés.

Mais une vue d'ensemble fait encore défaut pour toutes les écoles gérées par les communes. Elles devront toutefois être mises en conformité d'ici 2028, selon le projet de loi cantonale.

Combien de bâtiments sont concernés en Suisse?

Dans toute la Suisse, 10% des 150'000 bâtiments analysés ont enregistré des valeurs trop élevées de radon. Malgré ce chiffre important, la problématique a traîné à être prise au sérieux.

En devenant le premier à mettre en consultation un projet de loi, le Valais est à la pointe d'un mouvement qui se fait aussi sentir dans d'autres cantons.

"On ne peut pas parler de cantons qui soient plus en avance que d'autres. Mais il y a des cantons qui avaient déjà inscrit dans un article, dans une base légale qui leur permet d'agir, alors que d'autres sont en train de réfléchir à comment développer cette base légale", explique Joëlle Goyette Pernot, déléguée radon pour l'OFSP en Suisse romande.

Emilien Verdon/vajo

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