Ange gardien de la Cabane du Mont Fort durant 40 ans, Daniel Bruchez passe le flambeau
Nichée à 2457 mètres d'altitude, au coeur du domaine de Verbier, la Cabane du Mont Fort est une institution. Son gardien, Daniel Bruchez, l'est tout autant. Depuis quarante ans, il veille sur la cabane centenaire, créée par la section du Jaman du Club alpin suisse.
Le Verbiérain se souvient de débuts difficiles. "Tout se faisait à dos d'homme et de femme - mon épouse était chargée comme nous", se souvient-il, vendredi dans l'émission de la RTS Couleurs locales. "Nous portions facilement entre 50 et 100 kilos par jour, même s'il y avait beaucoup moins de monde qu'aujourd'hui."
Jusqu'à 600 clients par jour
Daniel Bruchez et son épouse Frances ont élevé leurs trois enfants à la Cabane du Mont Fort. Il n'y avait ni électricité, ni égout. "Je tire un grand coup de chapeau à ma femme", déclare-t-il. "Elle lavait les enfants à la bassine avec l'eau chauffée avec le feu du potager." Il explique qu'il va se souvenir avec émotion de cette époque.
Au tournant de l'an 2000, le progrès entre dans la cabane. Le couple entreprend d'importants travaux de transformation. "Ce fut un bon pari sur l'avenir. Nous avons suivi l'évolution de Verbier. Nous sommes passés d'une centaine de clients par jour à 600. Mais le maître reste la météo. Il faut jouer avec les conditions, parce qu'on peut passer de 0 à 600 clients d'un coup."
Des employés-amis
Il rend hommage et remercie les collaborateurs de la station, "qui font partie de la Cabane du Mont Fort", pour leur aide précieuse. "Je dois aussi énormément à mes employés, dont certains sont là depuis vingt ans. Ils sont devenus des amis."
Daniel Bruchez tournera une dernière fois la clé de la cabane le 30 avril. Il prendra alors un peu de recul, en s'éloignant momentanément des sommets. Il va en profiter pour aller voir deux de ses enfants qui vivent aux Etats-Unis. Il reviendra quand on ne lui parlera plus de sa retraite ou de la cabane. "J'ai transmis mon savoir à Audrey et Fabien. Je leur fais confiance. Chacun prend son chemin et trace sa destinée."
Propos recueillis par Carole Pantet/vajo