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Le Valais envisage d'investir 140 millions pour moderniser son vignoble

Des vignes en terrasse en Valais. [Keystone - Dominic Steinmann]
Le Valais élabore un plan de modernisation du vignoble à 140 millions de francs / La Matinale / 4 min. / le 21 avril 2023
Alors qu'elles font la fierté du canton, les vignes valaisannes ne sont plus adaptées aux défis d'aujourd'hui et doivent être modernisées. L'Etat du Valais envisage des subventions massives à hauteur de 140 millions sur 15 ans, a appris la RTS.

L'Office cantonal de la vigne et du vin aimerait allouer aux vignerons 60 millions à fonds perdu. Les 80 millions restants seraient, eux, investis sous forme de prêts sans intérêts. Le Grand Conseil devra voter sur ce projet, au plus tôt cet automne.

Cet argent servirait essentiellement à des travaux allant dans le sens d'une modernisation du vignoble, comme l'installation de systèmes d'arrosage goutte-à-goutte.

L'arrosage goutte-à-goutte pour économiser l'eau

Ce type d'arrosage relativement coûteux à mettre en place est déjà utilisé par des professionnels de la vigne, à l'image de François Schmaltzried, un vigneron-encaveur de Chamoson.

"On est en train d'installer notre goutte-à-goutte sur une parcelle de Divico (un cépage résistant aux principales maladies de la vigne développé à l'Agroscope de Changins en 1997, ndlr) qu'on a plantée il y a maintenant deux semaines. Moi, ça fait déjà 15 ans qu'à chaque fois que j'enlève une vigne, je mets du goutte-à-goutte", a-t-il expliqué vendredi dans La Matinale de la RTS. "Ce n'est donc pas à moi, malheureusement, qu'on va donner des sous!"

Les cannes d'arrosage aérien sont très gourmandes en eau, alors que le goutte-à-goutte l'est peu

François Schmaltzried, vigneron-encaveur à Chamoson

François Schmaltzried estime néanmoins que c'est "une très bonne idée" de rendre l'irrigation plus efficace. "Les cannes d'arrosage aérien sont très gourmandes en eau, alors que le goutte-à-goutte l'est peu. On arrose 'local' sur la plante, alors qu'avec un jet, on asperge la totalité de la surface", résume-t-il, évoquant une économie d'eau de l'ordre de 30%, cruciale avec la pénurie d'eau qui s'annonce. Elle est d'ailleurs d'autant plus importante que les vignes bio, toujours plus nombreuses, ont besoin de plus d'eau que celles qui sont travaillées avec des pesticides.

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Travailler la vigne avec des machines

Le plan de modernisation à 140 millions de francs vise aussi à encourager la mécanisation du vignoble, qui permet de réduire les coûts de production, en recourant à moins de personnel.

Mais elle passe souvent par un arrachage et une replantation des ceps. C'est ce que vient de faire Frédéric Dumoulin, sur un coteau à Uvrier, sur la commune de Sion.

"On plante de la Petite Arvine dans un coteau assez pentu et exposé, à des distances de plantation qui nous permettent par la suite de travailler ces vignes au chenillard", explique le viticulteur et vigneron. Planter plus large, élever la vigne sur des fils de fer (plutôt que sur échalas) et garder des espaces libres au fond des rangées de ceps permet d'adapter la parcelle à la mécanisation.

10% des vignes ont disparu en 20 ans

Si de tels travaux se font déjà sans subsides, tous les propriétaires de vignes n'ont cependant pas les moyens de moderniser leur vignoble, raison pour laquelle le Valais veut financer ces améliorations.

"Aujourd'hui, les professionnels de la viticulture se sont restructurés et ont constitué des domaines qui sont partiellement mécanisables. Mais il y a encore toutes sortes de petites parcelles qui appartiennent à des petits propriétaires. Eux ne veulent pas forcément les travailler à l'avenir", analyse Christophe Darbellay, le conseiller d'Etat chargé de l'agriculture. "Il faut donc trouver des solutions pour créer des entités de travail beaucoup plus rationnelles, sinon ces parcelles seront abandonnées les unes après les autres, avec un impact sur la biodiversité, sur le paysage et sur l'économie", alerte-t-il.

Lors des vingt dernières années, le canton a déjà perdu environ 10% de sa surface viticole, montrent les statistiques de l'Office fédéral de l'agriculture. Outre les vignes proches des centres urbains qui cèdent face à la pression immobilière, ce sont souvent de petites parcelles en pente et difficiles d'accès qui disparaissent en premier.

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Une vision à long terme

S'il faut 140 millions pour cette modernisation, c'est que selon les calculs du canton, près de 20% du vignoble devrait être assaini.

"Il y a un peu plus de 1000 hectares qui sont structurés de manière absolument insuffisante, avec des cépages vieillissants et des vignes de 40 ou 50 ans d'âge, peu productives. Il faut maintenant qu'on mette les bouchées doubles", plaide Christophe Darbellay. "Le Grand Conseil nous a toujours demandé d'avoir une vision à long terme, pas seulement de venir avec des emplâtres sur des jambes de bois quand on a une année de gel ou un année catastrophique, mais d'agir de manière anticipée."

Le Grand Conseil nous a toujours demandé d'avoir une vision à long terme, pas seulement de venir avec des emplâtres sur des jambes de bois quand on a une année catastrophique

Christophe Darbellay, conseiller d'Etat valaisan

Pour autant, le Grand Conseil ne va pas forcément accepter sans débat ce crédit de 140 millions. Il y a deux ans, des Verts et des PLR avaient par exemple contesté une aide de 14 millions de francs. Il y aura donc une discussion, à plus forte raison pour une enveloppe dix fois plus grande.

Dans les coulisses de la viticulture valaisanne, il se murmure pourtant déjà que le oui devrait l'emporter sans suprise. Ces 140 millions apparaissent déjà comme acquis.

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Sujets radio/TV: Romain Carrupt

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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L’enjeu du regroupement des vignes

Avec 75'000 parcelles et des milliers de propriétaires, le vignoble valaisan ressemble à une mosaïque. Ce n’est pas idéal pour la rentabilité et c’est pourquoi des vignerons professionnels essaient depuis des années de regrouper des vignes, avec l'objectif de diminuer leurs coûts de production et d'investissement.

Mais dans un canton où l'on est attaché à sa terre, cette volonté de remaniement parcellaire se heurte souvent au refus des voisins. L'Etat du Valais est ainsi amené à conditionner ses aides. Les 140 millions pour la modernisation du vignoble iront seulement aux groupes de vignes de plus de 3000 mètres carrés.

Ce changement de paradigme est profond, mais nécessaire, pour Nadine Pfenninger-Bridy, cheffe de l’Office cantonal de la vigne et du vin. "C'est l'assainissement dont on a besoin pour pouvoir palier aux aléas climatiques et éviter de mettre des pansements sur des jambes de bois. Dans le tourisme en Valais, on vend les montagnes, mais on vend aussi beaucoup les paysages viticoles. La viticulture est un acteur important de l'économie valaisanne."

>> Les précisions du 19h30 :

Le Valais élabore un plan de modernisation du vignoble pour un montant de 140 millions de francs
Le Valais élabore un plan de modernisation du vignoble pour un montant de 140 millions de francs / 19h30 / 2 min. / le 21 avril 2023