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Le Valais compte près de 250 sites menacés par les dangers naturels

Il y a deux ans, un éboulement avait failli toucher des habitations près de Rarogne, en Valais. [Keystone - Louis Dasselborne]
Les zones habitées en montagne sont de plus en plus à risque / La Matinale / 4 min. / le 24 avril 2023
Les régions de montagne sont toujours plus menacées par les risques naturels comme les chutes de pierres et les éboulements. Rien qu'en Valais, 250 sites font l’objet d’une surveillance. Et pour les propriétaires, la perte de valeur peut être conséquente si le bien est situé en zone à risque.

Alors que le village grison de Brienz se prépare à évacuer ses habitants, le Valais est aussi particulièrement menacé par les dangers naturels.

Dans ce canton, aucune zone de montagne n'est totalement épargnée par le risque d'éboulement ou de chutes de pierres. Le canton compte officiellement près de 250 sites considérés comme "à risque". Certains d'entre eux sont situés en pleine nature, mais d’autres comportent des logements et constituent la priorité en matière de contrôle.

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Deux zones évacuées ce printemps

Parmi ces zones habitées, deux ont fait l’objet d’une évacuation ce printemps. La première se situe au coude du Rhône, en dessus de Martigny-Combes, et l’autre dans la vallée du Trient. Dans le premier cas, des pierres de plusieurs tonnes ont manqué de peu de détruire des habitations. Dans le deuxième, une digue érigée en 2018 a évité de justesse la catastrophe. Aujourd’hui, la montagne est balisée de GPS et la roche y est à nouveau stable.

Ces événements vont être amenés à se répéter à l'avenir. Le phénomène lié au cycle de gel et dégel du printemps est en effet accentué par le dérèglement climatique.

Constructions interdites

Pour Bertrand Savioz, président de la commune de Trient, si la zone a été évacuée cette année, elle pourrait bien l’être à nouveau. Des mesures de protection complémentaires sont d'ailleurs à l’étude.

"Les hameaux du Gremé et de Berte sont maintenant en zone rouge. La conséquence, c'est qu'on ne pourra plus construire dans cette zone", poursuit l'édile dans La Matinale. "On va essayer de protéger au mieux les bâtiments qui sont sur place, mais on ne pourra plus construire. A l'avenir, les propriétaires de ces bâtiments et maisons risquent de devoir faire face à une perte de valeur de leurs biens. S'ils désirent se séparer de leur bien, il est bien possible qu'il y ait une perte de valeur. Et pour les propriétaires, c'est dramatique."

L'inquiétude est bien présente chez Raymond Guex, propriétaire du restaurant de Plan-Cerisier, qui est situé en dessus de Martigny-Combe. Son établissement a manqué de peu d’être détruit par un rocher de plusieurs tonnes en mars. Propriétaire du lieu depuis 17 ans, il n'est pas serein, a-t-il expliqué au micro de La Matinale: "Je n'avais pas beaucoup d'argent quand j'ai repris le restaurant, donc j'ai beaucoup emprunté. Je dois encore beaucoup à la banque", confie le Valaisan.

Et de poursuivre: "J'ai investi une grande somme. Pratiquement tout ce que je gagnais chaque année était investi dans le bâtiment. Pour moi, le bâtiment, c'est ma retraite, mon 2e pilier, mon 3e pilier. Si ça devait ne plus avoir de valeur, ça sera compliqué pour la suite."

Les communes compréhensives

Selon des informations du milieu immobilier, lorsque de tels événements surviennent, les prix chutent. Et cela peut aller jusqu’à 50% de la valeur d’un bien.

Sans compter que lorsqu'une zone est "à risque", il n’est plus possible d’y construire de bâtiments, ni même d’en reconstruire. Les cas sont exceptionnels, mais si une maison devait être détruite par une pierre, les assurances-bâtiments obligatoires rembourseraient la valeur du bien à hauteur du prix du marché, c’est-à-dire à sa valeur vénale et non à sa valeur de construction.

Toutefois, dans ce genre de cas, les communes ne restent souvent pas insensibles et peuvent proposer des arrangements, souligne Vincent Borgeat, président de la Chambre valaisanne des agents généraux d’assurances: "Si le bâtiment ne peut pas être reconstruit sur place, il peut être reconstruit ailleurs."

Et dans ce cas, la commune peut proposer un autre terrain. "C'est vraiment une discussion qui se fait entre les différents partenaires. L'objectif est d'arriver à trouver un arrangement pour que le bâtiment puisse être reconstruit et les coûts de construction indemnisés", poursuit-il.

Le canton du Valais assure mettre en place des mesures de protection pour diminuer le risque au maximum. Et ce même si l’éliminer totalement reste impossible dans la plupart des cas, selon le géologue cantonal Raphaël Mayoraz. A chaque fois, une pesée d’intérêts est faite. On évalue les risques pour les individus, la valeur des biens sur place et les coûts des travaux de sécurisation. Mais toute zone ne mérite pas d’être sécurisée à tout prix.

Diana-Alice Ramsauer/fgn

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