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Tensions autour du projet de fusion de Sion avec la station voisine de Veysonnaz

Veysonnaz vu depuis le coteau de Nendaz. [CC BY-SA 4.0 - Christian David]
Veysonnaz et Sion votent sur leur fusion le 18 juin / La Matinale / 1 min. / le 15 mai 2023
Un village de montagne absorbé par une ville: ce scénario, encore inimaginable il y a peu en Valais, pourrait devenir réalité. Le 18 juin, Veysonnaz et Sion votent sur leur fusion, et le résultat s'annonce serré.

La campagne est plus tendue que d'habitude. Selon les informations de la RTS, les opposantes et opposants sont en train de préparer un recours contre la brochure de votation de la Ville de Sion.

La Ville de Sion a par ailleurs remis à l'ordre l'exécutif de la commune voisine de Nendaz. Dans un courrier au ton sec, elle enjoint les élus nendards à ne plus dire qu'ils aimeraient eux aussi fusionner avec leur voisin d'altitude Veysonnaz.

"C'est Veysonnaz qui nous a fait cette demande"

Pour le président de Sion Philippe Varone, interviewé à la fin d'un débat public, toutes ces tensions sont finalement normales. "Les fusions sont souvent liées à de l'émotion. On l'a entendu ce soir, on parle d'origine, d'identité locale, du voisin qui n'est pas forcément du même avis... C'est normal qu'il y ait débat, qu'il y ait un peu de tension", a-t-il relativisé lundi au micro de La Matinale de la RTS.

"Je rappelle que c'est Veysonnaz qui nous a fait cette demande", précise au passage Philippe Varone. "Aujourd'hui, on pense qu'on est plus fort ensemble, qu'on peut vraiment développer ce Valais central", complète le président de Sion. La capitale du Valais se rêve en capitale des Alpes pour profiter des retombées économiques et pour mieux se faire entendre sur la scène politique.

Une perte d'identité redoutée

Mais cette idée d'un grand Sion ne séduit pas l'opposant Loïc Le Deunff. "Des communes assez typées peuvent aussi être bénéfiques. Ca peut créer des ponts, plutôt que d'avoir une commune qui 'sait tout faire'", plaide-t-il. "Il y a aussi la question de la globalisation, une envie de ne pas avoir de trop gros ensembles afin de garder une sorte de proximité [...] et de ne pas être dilués".

L'argument de la conservation de l'identité des petites communes ne convainc pas Patrick Lathion, le président de Veysonnaz. "L'identité des gens de Veysonnaz n'est pas si éloignée de celle de Sion, puisqu'on vote de la même manière, voire de manière un peu plus progressiste. Il n'y a pas de grandes différences entre les habitants de la montagne et de la plaine. Je pense que c'est une vision du passé", lance-t-il.

Deux communes ont déjà sauté le pas

Sur le même coteau de la rive gauche du Rhône, deux communes ont déjà fusionné avec Sion ces dernières années: Salins en 2013 - autre porte d'entrée du domaine skiable des 4 Vallées, puisqu'elle abrite la Piste de l'Ours et son télécabine - et Les Agettes en 2017. En revanche, la commune de Vex, qui comprend les stations de Thyon 2000 et des Collons, a écarté l’idée d’une fusion en 2022.

>> Lire à ce sujet : Une petite commune tourne le dos à Sion, qui se rêve "capitale des Alpes"

En 2025, ce sera au tour de la commune de Mont Noble (elle-même issue de la fusion des communes de Nax, Vernamiège et Mase en 2011) de décider si elle veut unir son destin avec la capitale valaisanne.

Sujet radio: Romain Carrupt

Article web: Vincent Cherpillod

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Un moyen de contourner la Lex Weber sur les résidences secondaires?

En fusionnant avec Sion, la commune de Veysonnaz, qui compte aujourd’hui plus de 70% de résidences secondaires, passerait sous le seuil fatidique des 20% inscrit dans la Lex Weber et pourrait légalement en bâtir à nouveau. Le taux de la nouvelle commune fusionnée serait en effet inférieur à 10%.

Veysonnaz se défend toutefois d'avoir cet objectif. Dans un interview donné au Temps la semaine passée, son président Patrick Lathion a précisé que la station entendait "interdire la construction" de résidences secondaires "dans un périmètre élargi autour de notre village, ce qui devrait représenter environ deux tiers de la zone à bâtir".

Le tiers restant, situé dans la zone touristique, serait principalement dédié à de l'hébergement touristique commercialisé, autrement dit des lits "chauds".

>> Lire aussi : Les régions de montagne font face à une pénurie de logements abordables