Le naufrage sportif du FC Sion défait 5-0 face à Servette à peine consommé, près de 300 supporters valaisans ont affronté la police genevoise samedi soir à coups de pierres, de bouteilles et de mortiers. Les forces de l'ordre ont dû répliquer avec du gaz lacrymogène.
Bilan des échauffourées: cinq policiers genevois ont été blessés, dont l'un d'eux va devoir se faire opérer la main.
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Une ligne franchie
Pour les autorités, une ligne rouge a été franchie par les ultras sédunois. Réunies mardi matin en visioconférence, les autorités des villes et des cantons chargées de délivrer les autorisations pour les matches de Super League ont pris des mesures immédiates.
"Dans le cas précis, c'est la fermeture du gradin nord pour un match (dimanche contre Young Boys, ndlr). Si nous avons encore des débordements ce week-end, il y aura deux matches supplémentaires: le premier à Sion contre Lucerne, et le deuxième à St-Gall, où les supporters du FC Sion ne pourront pas se déplacer", explique Frédéric Favre, conseiller d'Etat valaisan en charge du sport, à la RTS.
Les supporters du FC Sion concernés par les débordements à Genève pourront tout de même se rendre au stade dimanche, mais pas dans leur tribune habituelle. "On leur donne la chance que ça se passe bien et nous les appelons à la saisir. Avec cette décision, l'effet de groupe - symptomatique du hooliganisme - va être cassé", détaille Frédéric Favre.
Un silence pesant
La décision des directeurs cantonaux est donc d'ordre politique, car le silence de la Swiss Football League (SFL) suite à ces débordements dérange.
"Près de 60 heures après les débordements, nous n'avons pas eu de sanctions à la hauteur de ce que nous attendions au niveau politique de la part de la SFL. A défaut, ce sont les autorités qui délivrent les autorisations qui vont prendre des sanctions", relève Frédéric Favre.
Et le conseiller d'Etat de poursuivre: "En 2019, le Valais avait été précurseur en demandant des mesures plus fortes, comme la mise en place de billets nominatifs. C'est dommage, mais nous prenons nos responsabilités".
C'est la première fois que les ministres cantonaux de la sécurité prennent de telles mesures à la place de la Swiss Football League (SFL). "Depuis quelques mois, nous avons fait des appels à la SFL. Des décisions ont été prises, comme la fermeture de ce gradin, mais celle-ci a été annulée par l'instance de recours de cette même SFL" a déclaré Frédéric Favre dans Forum.
Pas de la compétence de la SFL
Contactée par la RTS, la SFL précise que les événements se sont déroulés hors du périmètre du stade de Genève et qu'il ne relève pas de sa compétence juridique de prendre des sanctions.
Du côté du FC Sion, le président Christian Constantin prend acte de cette mesure contre laquelle il n'a aucune voie de recours. "Tu ne peux pas casser la main d'un policier et espérer que tout continue normalement", a-t-il affirmé.
Romain Carrupt et Cédric Jordan/jfe
Des débordements "intolérables", selon le numéro deux de la police genevoise
Invité dans le 19h30, le chef des opérations de la police genevoise, Luc Broch, estime que ce qu'il s'est passé en marge du match entre Servette et Sion est "grave" et qu'une "ligne rouge a été franchie". Selon lui, de tels débordements ne sont pas "tolérables" lors d'une manifestation sportive, et "il y a la nécessité aujourd'hui de prendre des mesures pour fixer une ligne par rapport à ces comportements".
"Ce sont souvent des situations qui débordent déjà à l'arrivée des spectateurs lors des fouilles à l'entrée du stade. Il y a des stadiers ou des agents de sécurité privés qui sont pris à partie et ces situations dégénèrent à la sortie du match", analyse encore le numéro deux de la police genevoise.
Luc Broch se dit notamment inquiet des engins pyrotechniques qui sont désormais utilisés par les ultras. "Ce sont des mortiers qui sont utilisés dans les stades et il peut y avoir des ricochets qui vont blesser des gens collatéralement. Ce sont aussi des armes qui sont utilisés contre la police à la sortie du stade pour tirer en jet direct", déplore-t-il.
Alors que la Swiss Football League et les autorités politiques se renvoient la balle en termes de responsabilités, Luc Broch préconise des réponses coordonnées. "Ce sont souvent les plus efficaces. Là-dessus, nous appelons chacun à prendre ses responsabilités dans le cadre de ces violences pour les limiter et les circonscrire autant que faire se peut."
Le chef des opérations de la police genevoise rappelle enfin que ces comportements sont aussi poursuivis pénalement, avec une bonne collaboration avec les autres polices.