Au terme du délai de trois mois, 5955 signatures ont été récoltées dont 5501 ont été authentifiées par les communes. "Une première victoire au vu du nombre de paraphes récoltés", indiquent mercredi plusieurs référendaires après avoir remis les classeurs contenant les précieuses signatures à la Chancellerie d'Etat.
Le décret, visant à faciliter et à accélérer considérablement le processus d'autorisation de construire de grandes installations photovoltaïques dans les Alpes, a été approuvé en février dernier par le Grand Conseil valaisan par 87 voix contre 41. Le texte donne au gouvernement valaisan le pouvoir de statuer sur les dossiers à la place de la Commission cantonale des constructions, l'entité qui octroie normalement ces sésames à l'extérieur des zones à bâtir.
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Ce décret doit servir de base d'application cantonale de la loi fédérale sur l'énergie modifiée fin septembre en urgence afin de répondre à une potentielle pénurie d'électricité à l'échelle nationale. Parallèlement, pour encourager l'installation de ces grands parcs, la Confédération a promis des subventions qui peuvent atteindre 60% de l'investissement si les structures sont partiellement en fonction d'ici à la fin 2025.
Nécessité d'un débat
"C'est un signe de la population", analyse Céline Dessimoz, cheffe de groupe des Verts au Grand Conseil qui compte douze députés sur les 130. Un signe qui dit qu'on ne peut pas changer les règles du jeu en matière de construction simplement parce qu'il y a une manne fédérale à la clé. C'est aussi un premier "non" à ces mégachamps de panneaux solaires en altitude, ajoute-t-elle, soulignant que Valaisannes et Valaisans sont attachés à leurs montagnes.
Nous ne sommes pas sur un débat de politique énergétique, mais bien d'aménagement du territoire, qui préoccupe et fédère des catégories de personnes très variées
Cette récolte montre aussi qu'il est important d'avoir un débat approfondi sur la pose de ces panneaux en altitude sans céder à la panique d'un risque de pénurie, abonde le conseiller national vert Christophe Clivaz qui s'étonne encore de la vitesse à laquelle la loi fédérale a été approuvée. Et selon les référendaires, il n'y a pas que le parti écologiste et les associations environnementales qui souhaitent cette discussion.
"Des soutiens sont apparus des milieux agricoles, des chasseurs, des guides de montagne, etc. Nous ne sommes pas sur un débat de politique énergétique, mais bien d'aménagement du territoire, qui préoccupe et fédère des catégories de personnes très variées", explique Jérémy Savioz, chargé d'affaires de Pro Natura Valais. "Il y a un décalage entre la société et ses représentants politiques", résume Céline Dessimoz.
"Voie royale"
Ce décret "ouvre une voie royale à de mégaprojets alpins", estiment encore les référendaires. Des centaines d'hectares d'alpages pourraient être sacrifiés sous d'immenses parcs solaires. Les écologistes ne s'opposent pas à une offensive solaire, qu'ils jugent d'ailleurs "nécessaire", mais celle-ci ne doit pas se faire au détriment des espaces alpins sauvages.
Les protecteurs de la nature veulent privilégier des projets sur des constructions existantes, telles que murs de barrages, pare-avalanches, lacs d'accumulation, remontées mécaniques ou encore infrastructures routières. Des sites qui représentent selon eux "un potentiel gigantesque encore largement sous-exploité".
Le Conseil d'Etat dispose d'une année à partir du vote du Grand Conseil, soit jusqu'au 17 février 2024, pour soumettre le texte au scrutin populaire.
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vajo avec ats