Le Val de Bagnes à la pointe de l'innovation en matière d'irrigation

La gestion de l'eau préoccupe de très nombreuses communes à travers la Suisse. Certaines d'entre elles ont déjà instauré des interdictions en matière d'irrigation. Dans la commune de Val de Bagnes (VS), le constat est identique: l'eau d'irrigation commence à manquer durant la belle saison.

Le Val de Bagnes high tech

Plus étendue que le canton de Genève, la commune de Val de Bagnes est célèbre pour Verbier et ses chalets luxueux, mais elle abrite aussi et surtout plus de 1500 hectares de prairies agricoles.

Sur l'une d'entre elles se déroule une expérience scientifique unique en Europe. On réfléchit à une nouvelle façon d'irriguer les sols.

Laurent Horvath, directeur adjoint en innovation de l'eau chez BlueArk Entremont, s'en explique dans le 19h30: "Nous avons mesuré la quantité d'eau dont le sol et les prairies ont besoin."

Les scientifiques du pôle valaisan d'innovation technologique BlueArk ont installé de nombreux capteurs d'humidité directement dans le sol. De quoi livrer de précieuses données aux agriculteurs, mais l'appel aux dernières technologies ne s'arrête pas là.

"On a un satellite qui passe tous les jours en-dessus de notre tête en prenant des images. On peut voir quand les plantes ont besoin d'eau, quand il faut les faucher, mais on peut également voir l'humidité qu'il y a dans le sol, (…) et on a accès à ces images qui sont d'une grande aide pour tous les agriculteurs", développe Laurent Horvath.

Application pour agriculteurs

Les agriculteurs connaissent donc quasiment en temps réel les besoins précis en eau et la santé de leurs parcelles. A l'avenir, une simple application pour mobile leur permettra de déclencher un type de borne d'irrigation automatisée simplement depuis chez eux.

"Le système évite des heures de travail sur la parcelle. Si tout d'un coup il y a un déficit hydrique de quelques millimètres pour atteindre la prochaine pluie probable, il suffit de mettre une quantité d'eau et d'attendre et voir si la pluie va arriver ou pas et si par hasard elle ne vient pas, on remet la quantité nécessaire", explique Frédéric Deslarzes, un agriculteur.

Il procédera ainsi à un arrosage sur mesure, à total contre-courant des habitudes quotidiennes actuelles. "En tant qu'agriculteur, quand on fait une intervention, on met 30-40 litres d'eau au m2 de toute façon, parce qu'on ne peut pas se permettre de devoir réintervenir quatre jours plus tard s'il n'a pas plu," raconte Frédéric Deslarzes.

"On constate déjà, sur les vingt dernières années, une évolution vers des sécheresses plus intenses, des températures plus élevées, donc forcément des périodes où il va falloir gérer au mieux l'irrigation," s'inquiète l'agriculteur.

Moderniser l'irrigation

La commune s'apprête aussi à lancer un vaste plan de rénovation des kilomètres de tuyaux d'irrigation.

Christophe Maret, président de la commune de Val de Bagnes, trouve qu'il y a "un trend d'investissement fort pour l'irrigation, puisque le réseau d'irrigation date des années 60 et qu'on s'aperçoit qu'on perd de l'eau".

Ainsi, malgré le prix, il pense qu'il faut se profiler "sur des gros investissements qui vont devoir mettre à contribution les citoyens pour les soutenir".

Des résultats qui dépassent les attentes

De retour dans la prairie test, près d'une année après le lancement de l'expérience, les résultats dépassent toutes les attentes.

"En mesurant, on s'est aperçu qu'on pouvait consommer pratiquement deux fois moins d'eau que ce que l'on utilise d'habitude, et on a une production qui est supérieure de 20-25% de plus que traditionnellement", s'enthousiasme Laurent Horvath.

Si l'entreprise finit par convaincre les agriculteurs, ces bornes d''irrigation automatisées devraient bientôt fleurir un peu partout sur la commune.

Sujet TV: Julien von Roten

Adaptation web: Julien Furrer