"Le personnel de vente est catégorique: il ne veut pas d'une ouverture prolongée le soir et demande qu'on ne porte pas plus atteinte à sa vie familiale et sociale", a lancé vendredi devant la presse Carole Furrer.
La présidente du syndicat SCIV base ses dires sur "une large consultation" menée auprès du personnel de vente pour connaître son avis par rapport à la révision de la loi concernant l'ouverture des magasins (LOM).
La LOM a été acceptée en deuxième lecture par le Grand Conseil valaisan en mai dernier par 91 voix contre 35 et deux abstentions. Le texte prévoit notamment de repousser l'heure de fermeture à 19h00 tous les soirs de la semaine contre 18h30 actuellement.
Les syndicats SCIV, Unia, Syna et SAP, ainsi que le PS, les Verts, le POP et Entremont Autrement s'y opposent fermement et ont lancé un référendum à la mi-juin. Tous déplorent "une détérioration des conditions de travail d'un personnel de la vente déjà malmené".
Vie des employés "ingérable"
Trente minutes supplémentaires "augmentent considérablement l'amplitude horaire des salariés et rallongent leurs journées de travail", rappellent les opposants à la LOM. Ils redoutent aussi la multiplication des horaires morcelés, déjà très prisés par les employeurs afin de disposer du personnel aux heures les plus fréquentées.
Ces horaires coupés rendent ingérable la vie des employés. Ils impactent principalement les femmes, majoritaires dans les métiers de la vente
Ces horaires coupés rendent "ingérable" la vie des employés. Ils "impactent principalement les femmes, majoritaires dans les métiers de la vente", a souligné Sarah Constantin, chef de groupe socialiste au Grand Conseil.
La demi-heure supplémentaire de travail pose aussi la question de la garde des enfants en bas âge - les crèches fermant avant que les parents soient en mesure de venir les chercher.
Une tendance nationale
Selon le conseiller national valaisan Christophe Clivaz (Verts), "augmenter sans cesse les plages horaires où les magasins sont ouverts est une tendance lourde prônée par les grandes enseignes en Valais, comme ailleurs en Suisse". Il s'agit, selon lui, non seulement d'une péjoration des conditions de travail des employés, mais aussi d'un "parfait exemple des dérives de la société de consommation".
Etendre les horaires ne génère pratiquement pas plus de chiffre d'affaires, c'est juste une dilution des achats sur une longue durée
Pour les référendaires, l'ouverture prolongée ne profitera qu'aux grandes enseignes et accentuera la pression sur les petits magasins.
"Etendre les horaires ne génère pratiquement pas plus de chiffre d'affaires, c'est juste une dilution des achats sur une longue durée", note Olivier Cottagnoud, président du syndicat autonome des postiers (SAP) qui représente dans ce contexte les employés de La Poste, dont les bureaux ont été transférés dans des magasins.
Egalement président de Vétroz, Olivier Cottagnoud assure que les petits commerces de sa commune n'utilisent pas les possibilités de nocturnes ou d'ouvertures le dimanche déjà prévues dans la loi actuelle qui date de 2002.
Récolter 3000 signatures
En ce qui concerne les régions touristiques, les commerces pourront comme actuellement rester ouverts 7 jours sur 7 jusqu'à 21h00.
La LOM révisée prévoit que, sur la base de critère précis, les autorités communales pourront créer de nouvelles zones touristiques, comme le coeur de la vieille ville de Sion, ce qui, selon les opposants au texte, péjorera les conditions de travail d'employés qui n'étaient pas soumis à un tel régime jusque-là.
La récolte des 3000 signatures nécessaires au référendum a débuté à la mi-juin et s'achèvera le 7 septembre. "Nous en avons déjà recueilli environ le tiers", indique le secrétaire régional Unia Valais Blaise Carron, qui compte sur le vote de la population pour "corriger les errances des parlementaires".
ats/vajo