Les kiosques valaisans métamorphosés par l’interdiction de la publicité des cigarettes
Les publicités des cigarettiers ont pendant longtemps été omniprésentes dans les points de vente des produits à fumer. Le magazine Temps Présent montrait en 2018 qu'un adolescent présent 4 minutes dans un kiosque portait vingt-deux fois son regard sur une publicité pour des cigarettes.
Ces publicités disparaissent cependant peu à peu en Valais. Pour se conformer à une nouvelle directive cantonale en vigueur depuis le mois d’avril, la plupart des marques ont arrêté de fournir ce matériel publicitaire.
Les vendeurs de cigarettes ont jusqu'au 1er août pour se conformer à cette nouvelle base légale, qui interdit la publicité dans les lieux privés accessibles au public. Les visuels relatifs aux cigarettes n’ont notamment plus le droit d’apparaitre sur la porte ou devant la caisse des kiosques.
Transfert vers le web
Une partie de cette publicité s'est déplacée sur les réseaux sociaux, a expliqué lundi dans La Matinale de la RTS Christophe Correia, patron du kiosque des Liddes à Sierre. "Pour le moment, ce n'est pas encore interdit, donc on utilise les réseaux sociaux".
Jusqu’au 1 août, le kiosquier mise également sur des petits flyers qu’il a bricolé lui-même et qui vantent des rabais de quantité. "Quand on ne pourra plus le faire, cela sera fatalement du chiffre en moins pour nous", s’inquiète le revendeur.
"Suite logique"
Ce dispositif vise à protéger la jeunesse à l'exposition du tabac. La santé publique prime sur la liberté économique des commerçants, défend Mathias Reynard, le conseiller d'Etat chargé de la Santé.
"C'est la suite logique des messages de prévention sur les paquets et des restrictions en termes de publicité dans l’espace public; c'est normal de le faire. De plus, la Suisse n'est pas forcément un modèle dans ce dossier. D'autres pays sont plus en avance que nous", argumente-t-il. La France et le Canada ont par exemple déjà franchi le pas depuis plusieurs années.
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Selon Mathias Reynard, plusieurs cantons devraient reprendre à leur compte la nouvelle restriction valaisanne, suite notamment aux exigences de l'initiative populaire sur "un renforcement de la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac", acceptée par le peuple suisse en février 2022.
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Philip Morris opposée
Contacté, le fabriquant de cigarettes Philip Morris a décliné notre demande d’interview, se contentant de nous transmettre cette réponse écrite: "Philip Morris estime que les interdictions totales de publicité, telles que mises en place par le Valais, vont trop loin car elles s’appliquent largement et sans distinction à tous les produits du tabac ou contenant de la nicotine, y compris aux produits sans fumée potentiellement moins nocifs que les cigarettes".
L’entreprise ajoute qu’elle estime "essentiel de pouvoir informer les fumeurs adultes de l’existence de ces meilleures alternatives à la cigarette, comme par exemple le tabac chauffé".
Mathias Reynard, de son côté, rétorque que ces produits ne sont pas sans risque, comme l’ont montré des études indépendantes.
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Sujet radio: Romain Carrupt
Adaptation web: Miroslav Mares/vic