Le vent se lève sur les hauts de Bitsch et ravive des foyers de l'incendie en Haut-Valais
L'alerte n'est pas encore levée, ont fait savoir les services de secours lors d'une conférence de presse à Bitsch. Environ 100 hectares de forêts sont déjà parti en fumée, a précisé le responsable des pompiers de la région de Brigue, ce qui correspond à une surface d'environ 140 terrains de football. C'est le pire incendie dans la région depuis 12 ans.
Au total, 205 habitants de Ried-Mörel, Flesche, Obere-Eichen/Bitsch et Oberried ont été évacués, selon la police cantonale. Environ 150 d'entre eux pourront retrouver leur domicile. Seuls les habitants de Ried-Mörel sont pour l'instant autorisés à rentrer, a indiqué le président de la commune de Riederalp, Peter Albrecht, mardi devant les médias.
Selon des informations du bureau valaisan de la RTS, le vent s'est levé sur les hauts de Bitsch, ravivant pour la première fois l'incendie. Des flammes sont désormais visibles dans la forêt.
Mardi matin, l'évolution du vent avait empêché une propagation des flammes vers l'est, favorisant le travail des secouristes et permettant d'éviter l'évacuation de Riederalp. La route Ried-Mörel demeure fermée jusqu'à nouvel avis.
Interrogé dans Forum, Jean-Marie Putallaz explique que la priorité est toujours de circonscrire l'incendie. "Il faut éviter que le vent ne pousse les flammes vers la forêt attenantes. Il faut aussi éviter que l'extinction ne pose des problèmes de sécurité pour les pompiers et pour les personnes qui résideraient dans la zone", détaille l'ingénieur forestier au Service valaisan des forêts, de la nature et du paysage.
Les opérations continueront à plein régime jusqu'à la tombée de la nuit. Ensuite, le nombre de machines engagées devra être réduit pour des questions de sécurité. "Nous devons profiter au maximum du temps à disposition", a souligné Mario Schaller.
"La priorité absolue est d'éviter que le feu ne se propage davantage en direction de Riederalp", a indiqué Air Zermatt, qui estime que les opérations devraient durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines. En raison des feux de souches, il faudra plus tard encore déterrer des arbres.
Hélicoptères et soldats de milice
Près de 200 personnes dont 150 pompiers participent aux travaux d'extinction dans une zone difficile d'accès. Sept hélicoptères sont actuellement engagés sur les lieux du sinistre, a précisé le responsable des pompiers, Mario Schaller.
Outre des hélicoptères, l'armée suisse envoie dès mercredi des militaires de milice pour lutter contre l'incendie. Elle se tient à disposition à la demande du canton.
Des spécialistes de la lutte contre les incendies et des militaires en service long de l'infanterie appuieront les forces d'intervention civiles avec deux véhicules spécialement équipés pour localiser les foyers d'incendies et de braises, a indiqué mardi soir l'armée dans un communiqué.
L'engagement de l'armée est régi par le principe de subsidiarité, jusqu'au 28 juillet au plus tard. Les autorités civiles dirigent les opérations.
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Des craintes pour l'avenir
Outre les pompiers des communes environnantes (Naters, Brigue, Riederalp), la police, la protection civile et des sauveteurs sont mobilisés.
Le grand téléphérique de Riederalp est en service, mais uniquement pour les habitants et les pompiers. L'exploitation de la télécabine a été suspendue et les chemins de randonnée sont également partiellement fermés.
La police a reçu le signalement de l'incendie, visible loin à la ronde, peu avant 17h00. Les causes du sinistre ne sont pas encore connues, l'enquête étant encore en cours, a précisé la police valaisanne.
Des craintes émergent également par rapport au rôle protecteur de cette forêt: sans arbres, la forêt ne peut naturellement plus assurer son rôle protecteur et des chutes de pierres pourraient toucher les localités en aval. Le canton planche sur des mesures de sécurisation alternatives, mais il devra faire vite.
vkiss/boi avec ats
Pas de pluie en vue ces prochains jours
La pluie serait une aide précieuse dans la lutte contre l'incendie de forêt dans le Haut-Valais. Or, les chances de précipitations sont faibles ces prochains jours dans la région, selon un météorologue interrogé par Keystone-ATS.
Des orages sont possibles dans la nuit de mardi à mercredi, mais plutôt dans le Bas-Valais, a expliqué mardi Michael Eichmann, de Meteonews.
Pour éteindre un incendie, des précipitations sur de grandes surfaces sont plus efficaces que des courtes phases de pluie, comme c'est généralement le cas lors d'orages. Et de telles pluies ne sont pas en vue pour l'instant. Selon les modèles, des orages pourraient à nouveau éclater en Valais vendredi et samedi.
Le risque d'incendie de forêt est actuellement élevé en Valais, qui est de toute façon une région sèche, donc propice à ces sinistres, relève encore Michael Eichmann. C'est particulièrement le cas dans les vallées bien protégées par les hautes montagnes. Si les précipitations sont inférieures à la moyenne, la situation s'aggrave.
Un "cocktail toxique"
Le terrain escarpé de la zone touchée par l'incendie de forêt dans le Haut-Valais, la sécheresse et le vent persistant ont favorisé la propagation rapide du feu. "C'est comme dans une cheminée", a imagé mardi Marco Conedera, de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).
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La sécheresse combinée au vent est un "cocktail toxique", a déclaré le directeur de l'unité de recherche Ecologie des communautés. Le vent renforce encore la sécheresse en faisant s'évaporer l'humidité présente dans la végétation.
Dans de telles conditions, il suffit de petits incendies pour qu'une situation devienne rapidement incontrôlable, souligne l'expert. Plus le vent est fort - combiné à de la matière inflammable - plus il y a d'oxygène et plus les flammes sont grandes. "Nous nous attendions un peu à un tel événement", a relevé Marco Conedera. Jusqu'à présent, l'été a été très sec.
La cause de l'incendie dans le Haut-Valais n'est pas encore connue. Toutefois, de manière générale, l'être humain est de loin le responsable le plus fréquent des incendies de forêt. Le WSL estime qu'en Suisse, 90% des incendies sont causés directement ou indirectement par l'être humain.
L'institut cite des actes d'imprudence, tels que des mégots jetés par terre, des feux mal éteints ou les pots catalytiques chauds de voitures ou de motos parqués en forêt. S'y ajoutent les incendies volontaires ainsi que la foudre, particulièrement en été.