L'incendie qui s'est déclaré lundi sur les hauts de Bitsch s'était stabilisé mardi matin mais n'est toujours pas complètement éteint. Le vent a ravivé des foyers.
>> Plus de détails dans notre article : La forêt brûle toujours dans le Haut-Valais, mais la situation est stabilisée
Interrogé dans La Matinale de la RTS mercredi, Marco Conedera, directeur de l’antenne tessinoise de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) craint que le feu puisse repartir, notamment à cause de braises cachées sous les cendres et dans les souches calcinées au sol.
"Il y a toujours des foyers qui restent sous le sol, surtout dans les forêts de résineux comme c'est le cas ici. Il faut donc contrôler que le sol soit complètement libre du feu, sinon l'incendie peut repartir avec le vent", a-t-il averti.
Technologie de mise
Diverses technologies permettent de s'assurer que l'incendie est bel et bien éteint, poursuit Marco Conedera. "On peut le vérifier avec des drones équipés de lumières infrarouges pour détecter les parties du sol les plus chaudes et qui peuvent héberger des foyers. Ensuite, il faut creuser et les éteindre avec de l'eau. La bonne nouvelle est qu'on a besoin de peu d'eau pour ça."
Pour éviter à un feu de repartir, "il faut avant tout qu'il n'y ait plus de braises. Là, le périmètre est encadré, donc le feu ne continue plus d'avancer. Il faut juste assainir la partie brûlée", ajoute Marco Conedera.
"Cocktail de facteurs"
Dans le cas de l'incendie de Bitsch, l'expert pointe du doigt tout un cocktail de facteurs. "La sécheresse qui fait rage depuis un moment a asséché la végétation, la transformant en combustible. Et le vent est l'autre cause de l'incendie: il apporte de l'oxygène qui aide les flammes à se propager plus rapidement", pointe-t-il.
Marco Conedera ajoute que les Alpes abritent un autre facteur aggravant bien particulier: les pentes raides. "Un thermique du feu lui-même s'y développe. Le feu est alors aspiré vers le haut, ce qui accélère sa propagation. En plus, si c'est raide, on ne peut pas aller devant le feu pour le combattre. Il faut attendre qu'il atteigne des endroits plus plats, plus stratégiques. C'est pour ça qu'on a utilisé des hélicoptères pour combattre l'incendie de Bitsch. C'est plus rapide de combattre par les airs", détaille-t-il.
La situation devrait rester tendue ces prochains jours. "En été, les fortes températures dessèchent encore plus la végétation. Il y a donc des facteurs prédisposants. La foudre est aussi une autre cause naturelle de feu en Suisse. Si on a des orages secs avec peu ou pas de pluie, on pourra avoir de nouveaux feux cet été", prévient-il.
Propos recueillis par Aleksandra Planinic
Adaptation web: Julie Marty
Nécessité d'avoir plus de moyens pour combattre le feu
Alors que cinq hélicoptères ont été déployés et l'armée appelée en renfort pour lutter contre les flammes, le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS/JU) a déposé une motion demandant au Conseil fédéral d'investir dans des canadairs pour développer les moyens de lutte contre les incendies.
"On a des risques établis dans notre pays, le terrorisme par exemple, et d'autres qui sont liés au réchauffement climatique. Certaines forêts sont difficiles d'accès et avec le réchauffement, ce qui était théoriquement exceptionnel pourrait devenir fréquent. Ma proposition sert donc à nous permettre d'anticiper", a-t-il précisé dans l'émission Forum mardi soir.
Investir dans des canadairs "permettrait aussi aux équipes de se former et, le cas échéant, de prêter ce matériel aux pays voisins", a-t-il ajouté.
Les canadairs pour les lieux difficiles d'accès
Si le canadair s'avère une solution pour certains lieux où se déroulent les incendies, ce n'est pas vrai pour tous. Le conseiller national invite donc à réfléchir à ce dispositif en faisant attention à la spécificité du lieu.
"Il faut une grande réflexion. Il y a des zones très habitées avec des villages, des hameaux où on ne veut pas déverser de grandes quantités d'eau et faire des dégâts. Simplement, je pense que c'est une arme supplémentaire à utiliser selon des techniques et des processus très bien développpés. Mais s'il y a beaucoup de flammes dans certains endroits et pas de pompiers sur place alors que l'incendie devient incontrôlable [...], il faut avoir le moyen d'intervenir, même si c'est de manière exceptionnelle."