Même si le feu semble éteint à Bitsch, les pompiers toujours à la recherche des derniers foyers souterrains
Vue du ciel, la forêt du Riederhorn n'est plus qu'un amas de troncs noircis par les flammes. L'incendie a ravagé l'équivalent de 140 terrains de football et des foyers sont encore cachés sous terre.
"Il y a des foyers que l'on ne peut pas voir à l'oeil à nu. On les traque grâce à des caméras thermiques fixées sur un hélicoptère de l'armée. Ce matin, on a encore répertorié près de quarante foyers de ce type", indique Sven Bregy, chef d'intervention.
Sur les hauts de Bitsch, 50'000 arbres ont été détruits. Il faudra attendre au moins un siècle pour que cette forêt renaisse entièrement de ses cendres.
Du temps nécessaire pour finir de tout éteindre
Au sol, une septantaine d'intervenants traquent inlassablement les braises. Mais il leur faudra sans doute des mois pour éteindre les dernières racines en flammes, craint le chef d'investigation.
"C'est notre principale difficulté. Parce que quand on regarde ces racines, on ne voit qu'une petite zone mais en réalité on ne sait pas jusqu'où vont ces souches. (...) L'expérience nous a montré qu'une année après, ces foyers peuvent encore faire redémarrer l'incendie."
A Oberried, le brasier a frôlé les maisons. De retour chez elle, cette habitante a tenu à remercier les soldats du feu.
"Les mots me manquent. L'intervention des pompiers et des pilotes d'hélicoptères était impressionnante. Ils ont tout donné... Alors il était important pour moi de leur dire merci."
Stabilité du terrain inquiétante
Mais après les flammes, c'est désormais la stabilité du terrain qui inquiète. Car ici, cette forêt joue un rôle majeur: celui de protéger les hommes, explique Franz Mayr, porte-parole de la commune de Bitsch.
"Les communes concernées sont en train de revoir leurs cartes de dangers. Car sans arbres, nous ne serons plus aussi bien protégés des chutes de pierres, des glissements de terrain et des avalanches. Pour l'instant, des mesures urgentes ne sont pas nécessaires mais à l'avenir, des travaux de sécurisation devront certainement être entrepris."
Lueur d'espoir
Des lueurs d'espoir percent tout de même dans ce paysage noir et blanc, comme s'en réjouit Joanna Reim, ingénieure forestière pour l'État du Valais, qui remarque la repousse de végétaux.
"On peut voir les premières herbes sortir de terre. Il y a par exemple une feuille de chêne ici. Rien que dans cette petite zone, on peut observer quatre essences différentes qui repartent déjà."
Pour les forestiers, la nature a les moyens de se régénérer d'elle-même, sans que l'homme n'ait à planter de nouveaux arbres.
"Pour la nature, un feu de forêt n'est pas une catastrophe. Après un incendie, de nouvelles espèces peuvent prospérer comme par exemple le bouleau, le peuplier ou le saule. A l'avenir, nous aurons donc ici une forêt très différente de celle que l'on a connue jusqu'à aujourd'hui", note Joanna Reim.
Sujet TV: Romain Boisset
Adaptation web: Julie Marty