Des parents alertés sur un groupe WhatsApp problématique dans une école de Saint-Maurice
A peine plus d’un mois après la rentrée, l'école a adressé un courrier aux parents pour les alerter sur l'existence d'un groupe problématique sur la messagerie bien connue et pour en appeler à leur responsabilité éducative afin de contenir le cyberharcèlement et ses dérives.
"L’école a été interpellée par plusieurs parents inquiets au sujet de la création de grands groupes WhatsApp comprenant parfois jusqu’à 80 élèves. Sur ces groupes circulent des photos, des contenus racistes et violents et énormément de messages", indique la missive, que la RTS a pu consulter.
La direction désabusée
Interpellée par la RTS, la direction du cycle d'orientation se dit désabusée par ces contenus. "On peut tout rencontrer, des bagarres filmées, des photos de nu, des incitations au suicide, des images violentes et trafiquées. On pense que l'outil est complexe dans sa gestion et on voit que les élèves n’arrivent pas à le gérer", explique André Grandjean, le directeur de l'établissement, dimanche dans le 19h30.
D’où cette lettre adressée aux parents. Une première pour l’école valaisanne qui n’a jamais été confrontée à un groupe WhatsApp problématique d’une telle ampleur.
Il est difficile de maîtriser ce qui se passe hors école
Ce cas se situe toutefois en dehors du périmètre de l'école et il est donc difficile à sanctionner. "Les directives sont claires: pas de WhatsApp avant 16 ans, pas de WhatsApp à l’école", explique Jean-Philippe Lonfat, chef du service de l’enseignement valaisan. L'interdiction concerne donc l'école, mais "il est clair qu'on n'arrive pas à maîtriser ce qu’il se passe à côté de l’école".
Et d'ajouter: "Avoir un groupe de 80 personnes, 80 enfants et adolescents, qui diffusent du contenu qui peut être à la limite de la légalité, cela nous inquiète."
Parents et enfants, des rôles complémentaires
L’école en appelle donc à la vigilance des parents, mais ceux-ci confient avoir de la peine à gérer la question avec leurs enfants. "C'est sujet à tension, on en discute beaucoup, on essaie de surveiller un maximum, mais on n'y arrive pas toujours", confie un père de famille. "C'est l'un de nos conflits principaux avec notre adolescent", ajoute une maman.
Pour Zoé Moody, chercheuse en droit de l’enfant à l'Université de Genève, "le rôle des parents et le rôle de l’école sont des rôles complémentaires. Si les parents peuvent être dans un dialogue régulier, poser un cadre, parfois aussi mettre des limites, voire sanctionner lorsque les limites sont pas respectées, l’école, elle, a un rôle de prévention".
Yannick Bacher/Cédric Jordan/boi