L'arrêt des travaux demandé sur le glacier devant accueillir la Coupe du monde de ski à Zermatt
En vue des descentes de la Coupe du monde de ski alpin prévues entre le 11 et le 19 novembre, des travaux de construction sont en cours pour aménager la piste de la "Gran Becca" entre la commune de valaisanne de Zermatt et le village italien de Cervinia.
A moins d'un mois du début de l'épreuve, les organisateurs de la Coupe du monde ont refusé de livrer le tracé précis du parcours. Selon des relevés GPS effectués par le quotidien 20 minutes, des secteurs, encore en plein chantier, déborderaient de la partie affectée pour les pistes de ski.
Requête urgente
Face à ces soupçons de travaux illicites, le WWF, Pro Natura et Mountain Wilderness Schweiz ont mandaté Avocat-e-s pour le climat afin de saisir la Commission cantonale des constructions (CCC) du canton du Valais d’une requête urgente d'interruption immédiate des travaux. Les associations demandent également un examen de la légalité du projet et, le cas échéant, une remise en état du terrain.
"Chaque minute compte pour sauver le terrain encore préservé du glacier", écrivent les trois associations dans un communiqué diffusé mardi.
Contacté dimanche par Le Nouvelliste, le président du comité d’organisation local des épreuves Franz Julen affirme que "la piste de la Coupe du monde est entièrement dans le secteur affecté au ski du côté suisse. Toutes les autorisations nécessaires ont été obtenues de la part des autorités et des fédérations dans les deux pays pour l’organisation de ces courses". Le Haut-Valaisan ajoute: "La CCC peut venir sur le terrain, on peut l’analyser ensemble, on n’a rien à cacher."
Des enjeux économiques
Alors qu'en moins de 40 ans, la surface des glaciers s'est réduite de près de 30%, le bien-fondé d'un tel chantier est remis en question. Les prévisions annoncent une fonte de la moitié du glacier du Théodule d'ici 2080, rappellent le WWF, Pro Natura et Mountain Wilderness Schweiz. Détruire un glacier pour opérer une nouvelle piste en Coupe du monde de ski est intolérable, ajoutent-ils en substance.
La tenue d'une telle épreuve de ski alpin en cette période de l'année est par ailleurs aussi remise en question. La Fédération internationale de ski (FIS) souhaitait pourtant programmer ses courses en fin de saison, fin mars ou début avril, avec peut-être des conditions davantage hivernales, mais elle a essuyé un refus catégorique des organisateurs.
Il y aurait derrière ces décisions des enjeux politico-économiques, l'objectif étant de vendre le tourisme et le business du ski: Zermatt et son offre hôtelière, sa gastronomie et son domaine skiable. L'élaboration du calendrier de la FIS est aussi surtout dictée par les ventes du ski. Pour vendre du matériel, il faut opérer très vite et donc la saison commence beaucoup trop tôt.
>> La réaction dans le 19h30 de Didier Défago, ancien skieur alpin:
Sujet radio: Alain Thévoz
Adaptation web: edel avec ats