Aujourd'hui, quand un bâtiment est démoli, son vieux béton ne se retrouve pas toujours dans de nouvelles constructions. Un meilleur recyclage permettrait pourtant d'éviter des extractions et des importations de matières premières.
L'enjeu est d'autant plus actuel qu'une pénurie de sable touche en ce moment des cantons comme le Valais. Ce n'est pas qu'il manque de la roche, mais que les procédures pour autoriser l'exploitation des carrières prennent toujours plus de temps.
Parallèlement, les procédures d'extraction dans les cours d'eau se sont également durcies. En Valais, la saison a été raccourcie, de novembre à mars, pour des raisons géologiques, explique dans La Matinale de vendredi, Raphaël Corthay, ingénieur à la Section géologie et ressources du sous-sol de l'Etat du Valais.
"Le débit ralenti, en raison de la rétention d'eau dans les barrages et du manque de précipitations, provoque moins de transports de matériaux dans les rivières, détaille-t-il, en précisant qu'une extraction dans ces conditions provoquerait un abaissement du lit du cours d'eau qui risquerait de causer des inondations.
Réticences sur le béton recyclé
Le béton est déjà passablement recyclé. Mais les anciens matériaux ne sont pas forcément reconduits dans leur fonction initiale. En clair: le vieux béton est parfois intégré à de nouvelles routes plutôt qu’à de nouveaux bâtiments. Cette situation doit changer, estime le président de l'Association suisse de l'industrie des graviers et béton, Lionel Lathion.
Encore faut-il que le béton recyclé et son léger surcoût ne soient pas vus comme un frein pour les acheteurs. Aujourd’hui, c’est le cas, avec pour conséquence que le gravier recyclé s'entasse dans les stocks de centrales à béton, au grand dam des vendeurs.
Pour François Glassey, responsable de l'entreprise Valbéton, à Grône (VS), il est nécessaire d'accentuer la communication avec les bureaux d'études lors de leur phase de projet pour qu'ils le préconisent davantage.
Un "certain conservatisme" perdure, constate François Glassey au micro de la RTS. Les ingénieurs misent sur ce qu’il connaisse, en particulier au sein des régions peu densifiées comme le Valais, où la déconstruction dans le but de construire à nouveau n'est pas la norme, contrairement à la situation qui prévaut sur l'Arc lémanique ou à Zurich.
Autant solide
L’appréhension d'une "résistance moindre" du béton recyclé est "une crainte qui peut exister" dans les bureaux d'ingénieurs, mais qui ne se vérifie pas", indique vendredi dans La Matinale Grégory Morand, ingénieur civil et membre du comité valaisan de la société des ingénieurs et architectes (SIA).
Un guide à l'usage des professionnelles et professionnels, co-rédigé par le SIA, sera publié l'année prochaine à ce propos.
Sujet radio: Romain Carrupt
Adaptation web: Mérande Gutfreund