Ce groupe de travail est chargé "d’évaluer l’impact des révélations sur le fonctionnement du lycée-collège", explique mercredi le canton dans un communiqué. Il devra aussi proposer des mesures permettant de garantir la qualité, la pérennité et la sécurité de l’établissement. Son rapport est attendu pour fin février 2024.
Le lycée-collège de Saint-Maurice est en mains publiques depuis la signature d'une convention entre l'Etat et l'abbaye en septembre 2021. Le groupe de travail dira "si le type d'organisation prévu dans ce document est toujours adapté aujourd'hui", précise Christophe Darbellay, conseiller d'Etat en charge de l’économie et de la formation. La convention actuelle prévoit déjà que le recteur puisse être une personne religieuse ou laïque.
Le groupe de travail est présidé par l’ancienne conseillère d’Etat neuchâteloise Monika Maire-Hefti. Ses autres membres sont le professeur de l’Université de Genève Philip Jaffé, le président de Saint-Maurice Xavier Lavanchy, le recteur du lycée-collège Spiritus Sanctus de Brigue Gerhard Schmidt, le chef du Service de l’enseignement Jean-Philippe Lonfat, l’inspecteur et responsable du Secondaire II Yves Fournier et la cheffe des affaires juridiques de la formation Vanessa Rey-Holzer.
Suspension immédiate
Une enquête de l'émission Mise au point de la RTS a révélé dimanche que neuf prêtres seraient impliqués dans des affaires d’abus sexuels au sein de l’abbaye de Saint-Maurice. Parmi eux figure le père-abbé par intérim de l'abbaye qui enseigne au lycée-collège. Le département a demandé "sa suspension immédiate jusqu’à ce que les faits soient établis".
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Parallèlement, Christophe Darbellay et Jean-Philippe Lonfat ont rencontré les enseignants du collège mercredi. "Nous avons voulu leur expliquer notre stratégie, les assurer de notre confiance et leur faire part de notre volonté de garantir la pérennité de l'établissement", relève le conseiller d'Etat. Il revient à l’abbaye de faire toute la lumière sur les affaires d’abus sexuels.
Autrefois, la grande partie du personnel du collège était constituée d'ecclésiastiques. Aujourd'hui, il ne reste que trois chanoines enseignants sur les cent professeurs qui travaillent dans l’établissement, dont le recteur actuel et le père-abbé par intérim suspendu.
"Effarés"
Ce dernier avait pris la direction de l'abbaye en septembre après la mise en cause de son prédécesseur, le père-abbé Jean Scarcella dans l'enquête préliminaire ordonnée par la Conférence des évêques suisses (CES) suite à des soupçons d'abus sexuels et leur dissimulation. Contactée, la CES indique que "ses membres sont effarés de découvrir, à travers cette émission, les affaires d’abus qui concernent l’abbaye de Saint-Maurice".
Elle indique qu'elle n'était pas au courant, rappelant que "les diocèses et abbayes territoriales sont des instances indépendantes, qui ne doivent pas lui rendre compte". La CES note aussi garder sa confiance envers le Chapitre de la communauté des chanoines de Saint-Maurice qui se penche actuellement sur les mesures à effectuer.
Lundi, l'abbaye de St-Maurice a indiqué "collaborer pleinement avec les autorités judiciaires et canoniques". Sur les neuf cas cités par Mise au point, "une seule affaire est actuellement en cours, trois ont été jugées ces 20 dernières années et cinq chanoines sont décédés depuis plus de 15 ans", relevait l'établissement. L'abbaye devrait communiquer plus en détail jeudi.
ats/miro