La sidération ne faiblit pas en Valais au lendemain de la fusillade qui a fait deux morts à Sion. Un tireur de 36 ans a tué lundi matin une jeune femme devant chez elle avant de se rendre dans une entreprise où il avait travaillé, abattant un autre homme et blessant par balle une collaboratrice. On en sait un peu plus aujourd'hui sur le profil de l'auteur présumé de cette tuerie.
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L’homme connaissait ses victimes et ses actes étaient vraisemblablement prémédités. Selon les informations recueillies par la RTS, il importunait sa première victime, une jeune femme de 34 ans, depuis longtemps. Une mesure d’éloignement aurait même été prononcée, selon plusieurs proches de la jeune femme.
Des affirmations que le premier procureur du Valais Olivier Elsig ne souhaite ni confirmer ni infirmer. Il indique par contre que la relation était litigieuse entre le tueur présumé et la victime femme.
Mais pour le procureur, rien ne permet d’affirmer qu’il s’agisse d’un féminicide, les rapports entre le suspect et la victime femme n’étant pas assez intimes, selon lui. Pourtant, un ancien employeur du tireur présumé témoigne de relations difficiles avec les femmes.
"Problème comportemental avec les femmes"
"Il avait un problème comportemental avec les femmes et comme on avait des femmes qui travaillaient dans l’entreprise… C’était des mots et des messages, par sms, c’était continuel. A la longue, cela devenait usant et on a dû rompre les relations de travail", témoigne l'homme sous couvert d'anonymat.
La définition du mot féminicide se trouve dès lors au centre de la question, le terme ne figurant pas dans le Code pénal.
Pour l’avocate féministe valaisanne Aude Rapin, la thèse du féminicide ne peut pas être exclue d’emblée. Si elle salue les déclarations du procureur, - qui s’est positionné sur le terme de "féminicide" sans éluder la question - elle regrette par contre qu’il balaie aussi rapidement cette possibilité. Pour l’avocate, qu’il y ait eu harcèlement ou non, il pourrait s’agir d’un féminicide. L’hypothèse doit au moins rester ouverte.
Définition plus large de l'OMS
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un féminicide peut en effet avoir lieu dans un cadre intime, mais également en dehors d’une relation de proximité. Il faut simplement que l’on puisse affirmer qu’il s’agisse d’une violence faite en raison du genre.
L’instruction devra maintenant établir les faits avant de qualifier la nature des crimes commis. Le Collectif Femmes Valais vient de lui adresser une lettre ouverte pour réclamer la qualification de féminicide.
Sujet radio: Diana-Alice Ramsauer
Sujet TV: Yvan Illi et Cédric Jordan
Adaptation web: kkub
Connu de la justice mais sans condamnation définitive
Le suspect de la fusillade de Sion était connu de la justice, mais n'a pas été condamné pour les faits concernés. Tout d’abord parce que le terme de harcèlement n’est pas un terme juridique: on ne peut donc pas porter plainte à ce titre, selon le premier procureur du Valais Olivier Elsig.
Ensuite, l'homme n’a jamais été condamné pour menaces, même si une procédure est en cours à ce propos. Il s’agit cette fois d’un litige qu’il avait avec la victime homme de la fusillade de Sion: le tueur présumé avait fait appel contre une condamnation pour injure et enregistrement de conversations non-autorisé. Il n’y a donc pas de jugement définitif.