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Les pompiers valaisans doivent faire sans les mousses extinctrices avec PFAS

Le Valais réalise une cartographie-pilote des sites pollués par les PyFAS, des substances contenues dans les mousses d’extinction
Le Valais réalise une cartographie-pilote des sites pollués par les PFAS, des substances contenues dans les mousses d’extinction / 12h45 / 2 min. / le 10 janvier 2024
Depuis fin-2023, tous les corps de sapeurs-pompiers du Valais sont équipés d’émulseurs exempts de PFAS et l'utilisation de mousses contenant ces substances est désormais interdite. L'objectif est d'éviter toute nouvelle pollution à ces substances "toxiques, mobiles et qui s’accumulent durablement dans l’environnement".

Les anciens stocks de mousse pouvant contenir des composés per- et polyfluoroalkylés (PFAS) seront récupérés et éliminés dans le courant de l'année 2024 par l'Office cantonal du feu qui a commandé 5000 litres d'un produit totalement exempt de ces substances, indiquait le Canton mi-décembre. Cette décision s'inscrit dans le cadre de la stratégie du Service de l'environnement relative au PFAS.

Depuis 2021, l'utilisation de mousse extinctrice pouvant contenir des PFAS est interdite lors d'exercices de pompiers, mais était encore permise lors d'interventions sur le terrain. "Ces mousses sont les plus performantes. Il a fallu trouver une alternative qui réponde aux besoins d'efficacité des pompiers sans contaminer les sols durablement", explique Yves Degoumois, chef de la section Sites pollués, sols et eaux souterraines au sein du SEN.

Principe de précaution

Une directive élaborée par l'Office cantonal du feu et le SEN interdit désormais "l’usage d’émulseurs avec tensioactifs fluorés", y compris lors d'interventions. Le document décrit également les exigences s’appliquant à l’aménagement des places d’entraînement, notamment s'assurer que celles-ci sont "absolument étanches" et les mesures à prendre pour récupérer et éliminer correctement les mousses lors des interventions.

"On admet que les nouvelles mousses ne sont pas toxiques, mais le principe de précaution s'applique. Nous estimons que seule de l'eau propre peut terminer dans les eaux de surface et souterraines", relève encore Yves Degoumois.

Une prudence qui vise à éviter toute mauvaise surprise dans le futur. Interrogé dans le 12h45 de la RTS, Yves Degoumois explique: "Malheureusement, il s'agit d'une substance mobile qui s'infiltre avec les eaux de pluie dans le sol et va migrer dans les nappes phréatiques, où elle persiste, car elle n'a pas pu être dégradée par les micro-organismes du sol. On peut potentiellement la retrouver dans l'eau potable, avec un effet toxique sur la santé humaine."

Cette famille de polluants est devenue un thème prédominant dans le domaine des sites contaminés depuis l’abaissement du seuil limite, pour répondre aux normes toxicologiques beaucoup plus sévères.

Cinq secteurs touchés en Valais

Les autorités valaisannes ont donc décidé d'établir un inventaire de la pollution des sols et des nappes, qui seront analysées cette année. "Il s'agit d'évaluer s'il y a des mesures à prendre. En cas de nécessité d'assainissement, il est fort probable qu'il faille creuser la zone contaminée et traiter les matériaux excavés", détaille Yves Degoumois à la RTS.

En Valais, cinq secteurs de la plaine sont atteints par des PFAS que contenaient les mousses d’extinction d’incendie utilisées dès les années 1960. Il s’agit notamment des zones situées en aval des sites de Collombey (raffinerie Tamoil), Monthey, Viège et Evionnaz (sites chimiques), et du centre d'instruction de la protection civile à Grône.

Dans le Haut-Valais, l’ancienne place d’exercice des pompiers a été assainie dès 2020 avec 41'200 m3 de matériaux excavés et le pompage des eaux souterraines. Dans le Chablais, des barrières de confinement par pompage ont été installées à Monthey en 2022 et à Collombey, tout récemment, en ce mois de décembre 2023. A Evionnaz, quatre grosses barrières sont en place depuis octobre 2021, tandis qu'à Grône, la zone "touchée dans une moindre mesure est en cours d'investigation de détail", indique Yves Degoumois.

Celui-ci note au passage que malgré tous les assainissements des sols et des eaux souterraines, "ces zones ne seront jamais entièrement propres".

jfe avec ats

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