Le quotidien Le Temps rapporte que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X n’échappe pas aux violences et abus commis par certains de ses prêtres.
Un collectif d'aide aux victimes fait état d'une soixantaine de "prêtres problématiques". Benjamin Effa, porte-parole du collectif, explique que le côté systémique des abus au sein de la Fraternité est incontestable. Son fonctionnement en vase clos tend même à les privilégier et l'institution ferait tout pour protéger sa maison, précise-t-il.
Le quotidien, qui a enquêté en Suisse, en Belgique et en France, a recueilli de nombreux témoignages. Le problème dépasserait donc largement les frontières du pays.
L'Etat valaisan intervient
Samedi matin, le conseiller d'Etat chargé de la formation a confié à la RTS qu'il allait intervenir. Christophe Darbellay a demandé au chef de Service de l'enseignement de se rendre à l'école Fleurs de Mai, lundi matin, en compagnie de deux inspecteurs.
"Le but, c'est d'examiner la situation aujourd'hui pour voir si des pratiques innommables ont toujours cours", détaille Christophe Darbellay dans le 12h30 de la RTS. "On va d'abord exiger des bonnes pratiques en matière d'éducation et de pédagogie. On peut aussi exiger qu'un espace de parole indépendant soit mis en place, mais c'est difficile de préjuger de ce que nous allons faire."
Fleurs de Mai est une école privée pour les 1H à 8H située à Riddes. Selon son site internet, elle dispense un "enseignement solide, tout entier éclairé par la lumière des vérités chrétiennes".
Mais selon un témoignage recueilli par Le Temps, la réalité a pu être bien plus sombre. A visage découvert, le Valaisan François Riedmatten a décrit comment, au milieu des années 1980, il était frappé devant ses camarades, avec des baguettes, le pantalon baissé.
Pas toujours condamnés
Le jeune homme a subi pire, par la suite. Mais comme pour la majorité des cas d'abus sexuels décrits par Le Temps, ça ne s'est pas passé en Valais, ce qui rend une intervention de la justice valaisanne incertaine.
Selon Le Temps, plusieurs clercs, qui auraient admis des faits d'abus, n’auraient pas été condamnés. Parfois, quelques minutes suffiraient à la justice pour boucler un dossier pour cause de prescription. Les violences signalées sont d'ordre sexuel, physique et psychologique.
La Fraternité aurait également refusé d’ouvrir ses archives et de répondre aux questions des journalistes du Temps.
Aujourd'hui, Christophe Darbellay veut s'assurer que les méthodes d'enseignement d'Ecône, qui n'ont jamais été dénoncées à l'Etat, n'ont plus cours.
Autorisation cantonale
Le canton ne laïcisera toutefois pas Ecône - comme il envisage de le faire avec le lycée-collège de l'abbaye de Saint-Maurice - s'agissant d'une école privée, et d'une église qui n'est pas reconnue par le canton.
Ecône ne touche pas d'argent public, elle n'a passé aucune convention avec l'Etat. Son école doit juste accepter des contrôles, parce qu'elle est autorisée à accueillir des élèves de la scolarité obligatoire.
Une autorisation qui pourrait théoriquement être révoquée. Mais pour fermer l'école, il faudrait identifier des dysfonctionnements aujourd'hui.
La Fraternité Saint-Pie X n'a pour l'heure pas répondu aux sollicitations de la RTS.
Romain Carrupt/miro