Une partie des faits reprochés à l'accusé, né en 1985, s'est déroulée entre août 2016 et juin 2018. L'enseignant, dont le contrat a été résilié par l'Etat dans la foulée des accusations, aurait touché une de ses élèves, âgée entre 10 et 12 ans au moment des faits, à trois reprises, notamment au niveau de l'entrejambe.
Celle-ci s'est par la suite confiée à un petit ami, qui a donné l'alarme auprès de la direction de l'école. Elle a porté plainte formellement en janvier 2020.
Les faits, réfutés par le prévenu, se seraient déroulés après la fin des cours, à l'école. La dernière fois que cela s'est produit, l'enseignant a mis sa main dans la culotte de l'élève pour toucher son sexe, indique le procureur Olivier Vergères devant la cour, s'appuyant sur les propos de la plaignante qui était présente une partie de l'audience, mais qui n'a pas été entendue sur les faits dénoncés, la cour s'estimant suffisamment renseignée à ce sujet.
Une parole contre l'autre
Si dans cette affaire sans témoins, c'est une parole contre une autre, tant Olivier Vergères que l'avocat de la jeune femme Jean-Luc Addor estiment que tous les éléments réunis dans le dossier vont dans le même sens. Selon eux, "la très forte attirance du prévenu pour les jeunes filles de moins de seize ans a été prouvée" et donne de la force au témoignage de la principale plaignante.
De l'autre côté d'un panneau de séparation, visant à éviter une confrontation entre le prévenu et la plaignante, Olivier Couchepin, avocat de l'homme aujourd'hui formateur pour adultes dans un autre canton, s'est attelé à démonter le dossier.
La défense s'est attardée longuement sur les "versions évolutives de la présumée victime". Il a rappelé que son client n'a fait l'objet d'aucune remarque ou remontrance pendant les dix ans où il a travaillé dans ce centre scolaire du Valais central. L'expertise psychiatrique mandatée par le procureur a exclu le diagnostic de pédophilie, a-t-il aussi insisté. Avant de résumer: "Les allégations de la plaignante sont moins crédibles que les dénégations de mon client".
Photos et vidéos
Le procureur a, lui, listé tous les éléments retenus contre le prévenu. Celui-ci est accusé d'actes d'ordre sexuel avec des enfants, mais aussi de pornographie pour avoir échangé en 2017 des messages avec une adolescente de 15 ans "l'amenant à parler de sexualité, et à s'échanger des photos et des vidéos". Il lui a envoyé des photos de lui nu, le sexe en érection ainsi que des vidéos dans lesquelles il se masturbe. La jeune femme s'est constituée partie plaignante en 2020.
Interrogé à ce sujet par le président, le prévenu indique ne pas avoir eu conscience que l'adolescente, qu'il avait eue comme élève quelques années plus tôt, n'avait pas encore 16 ans. "Il me semblait qu'elle devait être majeure", a-t-il indiqué. Leur discussion n'était pas uniquement sexuelle mais portait sur la vie en général, a-t-il ajouté.
Près de 300 images de jeunes filles
"L'analyse des données informatiques issues du matériel saisi chez le prévenu a révélé 282 photos, majoritairement de jeunes filles, prises à leur insu à l'école ou dans le cadre privé", rappelle aussi Olivier Vergères. Des faits pour lesquels le prévenu est accusé de violation du domaine secret et du domaine privé au moyen d'un logiciel de prises de vue à la volée.
Le cadrage sur les jambes et les seins des jeunes filles n'était pas volontaire, a plaidé le prévenu. "Le logiciel utilisé ne permet pas de cadrage. Je n'avais pas de prérendu de la photo qui allait être prise", a-t-il ajouté, admettant et regrettant le "caractère inconvenant et déplacé" des images. Elles ont été prises dans des lieux publics, a précisé son avocat.
Relations avec une adolescente
Olivier Vergères note enfin que l'enseignant a aussi eu en 2014 des relations sexuelles avec une jeune fille, âgée de 14 ans au moment des faits, avant de se mettre en couple avec elle. Relation qui a duré jusqu'en 2021. "Peu importe que la jeune femme ne se porte pas plaignante, ces actes sont poursuivis d'office", a-t-il noté.
Le procureur a requis une peine privative de liberté de 36 mois dont 18 mois de prison ferme et une interdiction de travailler avec des enfants pendant dix ans. De son côté, la défense estime que si le prévenu est condamné pour sa relation avec une jeune fille de 14 ans, il doit être exempté de toute peine, car cette relation stable a duré plusieurs années. Elle demande par ailleurs que l'enseignant soit libéré des autres chefs d'accusation, et que la cour renonce à lui interdire de travailler avec des enfants.
ats/ami